Algérie

Ici mieux que là -bas



Ici mieux que là -bas
Par Arezki Metref[email protected]/* */Il ne sert plus à rien de s'indigner des objurgations de certains d'entre nous qui assimilent l'intérêt que l'on pourrait porter à la politique française à une vassalité de néo-colonisé consentant. C'est totalement absurde ! Eh oui, en France on compte deux millions d'Algériens et leur sort ne peut laisser indifférent. Même Marine Le Pen s'y intéresse.Présidente du Front National à la tête duquel elle a succédé à son père Jean-Marie Le Pen, l'homme qui se vante d'avoir torturé pour l'Algérie française, Marine Le Pen s'est qualifiée pour le second tour de l'élection présidentielle en concurrence avec Emmanuel Macron. Après la répétition de 2002, le scénario du pire est en train de se mettre sérieusement en place.D'après les sondages réalisés depuis la fin du 1er tour, l'écart des voix entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron reste significatif, mais il se réduit de jour en jour. Les nombreuses inconnues de l'équation n'excluent pas l'aboutissement de ce script du cataclysme. Quel que soit le résultat, jamais l'extrême droite ne s'est aussi bien portée. Les commentateurs politiques avouent n'avoir pas vu se profiler la déflagration causée par le Front National. Il semble d'ailleurs que même en son sein, on ne s'attendait pas à un tel succès. Et ce, en dépit de toutes les opérations de dédiabolisation dont, en premier lieu, la rupture avec le père fondateur.Ce succès s'articule autour de 3 considérations :1- Le Front National récolte les fruits de l'échec des partis traditionnels et la déception des électeurs de Nicolas Sarkozy puis ceux de François Hollande. Ces échecs ont accentué la dégradation économique et sociale des classes moyennes et des catégories les plus démunies de la population. De ce fait, les électeurs échaudés sont davantage perméables à la démagogie de Marine Le Pen qui promet de prendre des mesures qui sont déjà appliquées ou bien totalement inapplicables sur lesquelles, tout comme Donald Trump aux Etats-Unis, elle serait contrainte de revenir en cas d'élection.2- Lorsqu'elle prétend mener une politique sociale et économique de gauche, il en est qui se laissent convaincre. En réalité, il s'agit d'une stratégie consistant à dérober à la gauche un électorat indécis ou insatisfait. Entre les deux tours, on l'a vue essayer de féconder l'absence de consignes de Mélenchon à son électorat, en reprenant des éléments du discours du leader du Front de gauche. Ainsi, a-t-elle évoqué le «dégagisme», un concept mélenchonien. Elle s'est même directement adressée à la France insoumise.Pour se rallier cet électorat qui ne veut pas non plus d'un libéralisme à la Emmanuel Macron, elle promet des politiques progressistes telles que la réindustrialisation planifiée, le retour de la retraite à 60 ans, le maintien des 35 heures, la lutte contre les déserts médicaux et contre l'évasion fiscale, le refus des traités de libre-échange, la garantie de l'accès aux services publics, et enfin la renationalisation des autoroutes.Cette vision de gauche est l'une des faces du double langage par ailleurs théorisé par ce Janus politique qu'est Bruno Mégret qui, dans la préface du livre de Marine Le Pen, Pour que vive la France (Ed. Grancher, 2012) explique que l'enjeu s'est déplacé : «Ce ne sera plus le Parti des patrons contre celui des ouvriers, mais le Parti d'étrangers contre le Parti de la France».Donc, exit la lutte des classes, ou à tout le moins la lutte sociale, colonne vertébrale des motivations de la gauche.Un autre concept développé cette fois par Bernard Monot, l'économiste chargé du programme économique du FN, établit que le parti de Marine Le Pen n'est pas contre le capitalisme comme il le prétend : «A l'intérieur de l'Hexagone, nous sommes libéraux, c'est-à-dire en faveur du profit. Au-delà des frontières, tout change : il faut lutter contre la concurrence déloyale que nous impose la dérégulation mondialiste.»Mais l'action la plus perfide de cette schizophrénie politicienne est la suivante. Tandis qu'en 2016, Marine Le Pen exigeait le retrait de la loi sur le travail, dite loi El Khomri, du nom de la ministre du Travail du gouvernement socialiste de Manuel Valls qui s'attaquait au droit des travailleurs, les députés du Front National déposaient des amendements visant à en renforcer les aspects libéraux. Non, le Front National n'est pas opposé au capitalisme même si, pour des raisons bassement électorales, il tente de le faire croire.3- Evidemment, tout est bon pour l'emporter et l'exacerbation du sentiment anti-étranger peut rapporter des voix, quitte à proposer des mesures déjà appliquées. La survenance, depuis quelques années, du phénomène islamiste et du terrorisme est bien sûr pain bénit pour le Front National et sa politique du bouc émissaire. Mais les mesures promises sont de la poudre aux yeux.Ainsi, en est-il de la fermeture des mosquées et des lieux de culte radicalisés. 80 arrêtés d'expulsion ont déjà été pris contre les imams et prêcheurs de haine. 120 mosquées sont déjà sous surveillance et 25 ont été fermées.Autre coup à blanc, le rétablissement de la double peine. Bien qu'encadrée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle n'a jamais cessé de s'appliquer.Autre leurre, l'amalgame entre terroristes et binationaux. Sur une dizaine d'attentats commis récemment sur le territoire français, on a répertorié 16 terroristes français, 5 étrangers et 3 binationaux.Parmi les mesures inapplicables ou applicables au prix de dégâts considérables, il y a la sortie de Schengen. Les économistes par ailleurs se demandent qui payerait les pots cassés par la sortie de l'euro. Mais la démagogie la plus abrupte réside dans cette promesse de limiter le solde migratoire à 10 000. En conséquence de quoi, pour 60 000 immigrés qui entreraient en France, il faudrait en expulser 50 000, ce qui est rigoureusement infaisable.Le danger de l'accession au pouvoir de Marine Le Pen reste entier. Il aura quand même eu un mérite, celui de faire sortir notre Zidane de sa réserve proverbiale. Il a appelé à voter contre Le Pen.


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