Algérie

Ici mieux que là -bas



Ici mieux que là -bas
Par Arezki Metrefarezkimetref@free.frDans la diversité des sujets qu'offre l'actualité et la mémoire, s'il y en a un que je ne voulais absolument pas aborder, c'est le remaniement. Pourquoi ' C'est simple : rien à râper. Oui, tu as bien lu, même pour un journaleux, c'est de l'écume. ça ne change rien à rien, vois-tu. Moussa Hadj ou Hadj Moussa, ce sont des frères siamois s'adonnant à ce jeu de miroir qui nous fait enfoncer le doigt dans l'œil.Je m'en remets à la vox populi : on les connaît, ceux-là , depuis le temps qu'ils nous bernent ! La rouerie en est devenue de la routine et la routine du grand art !Découvrant que le mouvement, c'est du surplace revu à la lumière de la méthode Coué, voilà un gouvernement qui n'arrête pas de se remanier et c'est comme un ventilateur enfermé qui ne brasse que l'air vicié de l'intérieur. On s'ennuie, il ne se passe rien, on nous dénonce pour immobilisme ' Allez, un petit remaniement !Une crise interminable, l'impasse, comment sortir du chantier qui vire au marécage de la révision constitutionnelle ' Allez un petit remaniement à ronger ! Donc, à quoi bon en parler ! Mais”? Il y a toujours un mais et même un mea-culpa, c'est le dégommage presto de Nadia Labidi du ministère de la Culture, après la démente cabale menée contre elle par le Parti des travailleurs, qui a déterminé à regarder de près ce remaniement ministériel – partiel, dit-on – qui a tout l'air d'un lifting, autrement dit d'une coquetterie destinée à rendre artificiellement une situation plus belle qu'elle ne l'est en réalité. Après tout, peut-être que tout cela nous renseigne sur quelque chose. Comme par hasard, la suite donnée au raid de Louisa Hanoune contre Nadia Labidi s'est terminée par le débarquement de la ministre de la Culture. Fallait-il s'y attendre ' A croire que l'attaquante connaissait l'issue du match avant même de l'engager. Je ne sais pas exactement quel bilan est celui de la ministre sortante, mais il paraît évident qu'elle a servi de roue de secours pour passer notamment le cap difficile du démarrage de «Constantine, capitale de la culture arabe». Maintenant que c'est fait, ciao Pantin !Les esprits éclairés rétorqueront que, le sachant sans doute, elle n'avait qu'à ne pas y aller ! Ils n'auront pas tort : quand on plonge dans un bassin de requins, il ne faut pas s'étonner d'en sortir déchiqueté ! Mais ont-ils raison au regard de la cruauté de cette gouvernance de gladiateurs où, dans l'arène, on se bat moins qu'on ne regarde la direction de la main de César ' Pouce en bas : achevez-les !J'avoue que sans cette concordance curieuse et amusante entre des attaques bille en tête de Louisa Hanoune et ses militants et la survenue de ce replâtrage, il y avait de quoi prendre l'événement pour ce qu'il est, c'est-à-dire un non-événement. On observe, tristement, d'ailleurs, que c'est là la réaction presque unanime des Algériens. Ils regardent ce jeu de chaises musicales avec la placide indifférence de spectateurs revenus de maintes duperies.Oui, au point où nous en sommes, rien ne peut changer la marche triomphale du schmilblick vers le néant. Ce n'est pas un replâtrage de plus ou de moins qui aura raison de la dérive. Quels effets salutaires aura cette anecdote sur le déroulement général de la tragédie ' Hum !La plupart des analystes et des journalistes extralucides qui, habituellement, nous dictent ce qu'on doit penser, sont à peu près tous d'accord pour déclarer que ce remaniement n'est pas spécialement significatif, pour ne pas dire pas du tout. Voyez-vous !Pourtant, comment le vider de toute signification politique alors qu'on constate que des ministres aussi importants que ceux des Finances et de l'Energie ont été débarqués. Si cette forme de disgrâce n'a rien de politique, c'est que les événements qui l'ont probablement motivée n'ont, eux non plus, aucun contenu politique.Pas politique ' Tu plaisantes !Mais non, bien sûr, il n'y a rien de politique dans le renvoi d'un ministre des Finances dont le nom semble avoir été murmuré dans l'un des dossiers brûlants en cours !Mais non, encore, rien de politique dans la destitution du ministre de l'Energie pour n'avoir vraisemblablement pas anticipé les effets de la chute du prix du baril sur l'économie algérienne, pas plus qu'il n'y en a dans l'entêtement de celui-ci à exploiter le gaz de schiste ! Résultat : des révoltes dans le Sud qui auraient pu, comme ailleurs, livrer les protestataires aux griffes de Daesh.Mais non, rien de politique dans la fin de mission de ministres dont les noms sont présumés publiquement dans des affaires ! Enfin, il n'y a rien de politique dans la volonté du gouvernement de se débarrasser de ministres encombrants. S'en séparer, c'est préserver ceux qui ne sont pas éclaboussés, ou pas encore du moins.Les analystes qui contestent tout sens politique à ce remaniement, le font en s'appuyant sur des faits indiscutables. Salah Gaïd, le ministre de la Défense, aussi inamovible qu'un monument, est maintenu malgré son grand âge qui lui octroie la médaille du militaire encore en exercice le plus âgé au monde.Donc, il est vrai qu'il n'y a rien de politique dans tout ça. Cela ne répond-il à aucune exigence visible ' Serait-ce seulement l'un des tours de passe-passe qui trahit ce qu'Ali Benflis nomme, avec une certaine dramaturgie, une «gestion pathétique» ' Peut-être !Bis repetita : c'est le débarquement de Nadia Labidi qui a motivé ce propos. Encore une fois, j'ignore quel est son solde. Mais je crains fort qu'elle ne se soit fait avoir. Pressentie en urgence pour rattraper un dossier pourri, elle se retrouve à terre après qu'on eut lâché les fauves. Tu parles d'un système !Difficile de ne pas se convaincre que la nomination puis la relégation d'un ministre sous Bouteflika ne relèvent que du fait du prince. Choix éminemment politique puisqu'il n'est possible que dans un système où le pouvoir finit par devenir absolu, même s'il procède d'une savante et retorse alchimie clanique. Et celui qui prend les décisions n'a de comptes à rendre à personne. Ou à pas grand monde autour de lui !




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