Ici, le soleil se couche

Oui, et depuis toujours. Mais qui a eu cette idée folle, un jour, d'affubler cette partie du nord de l'Afrique de ce nom : le Maghreb. Nous sommes maghrébins parce que nous vivons dans la même zone géographique, nous partageons la même religion, l'Islam, et avons les mêmes us et coutumes, globalement. Et surtout nous sommes de la même extraction d'origine berbère ou amazighe si vous préférez. Maghreb (le Couchant) par opposition au Machreq (le Levant). Omeyyades et Abbassides partaient de l'idée simple que cette partie du monde, à conquérir, se trouve là où se couche le soleil, d'où l'appellation arabe Maghreb, latinisée plus tard. Autrement dit, c'est un territoire et ses populations à mettre sous tutelle. Plusieurs généraux arabes s'y aventureront mais se casseront les dents face à la farouche résistance des autochtones. Ils finiront par les soumettre, au nom de l'Islam. La Numidie ou Tamazgha disparaîtra avec la décadence de l'Empire romain. Ses princes avec. Et c'est la porte ouverte à tous les interventionnismes. Une fois de plus, au nom de la religion, les Turcs s'installeront pour plusieurs siècles tant au Maghreb (le Maroc y échappera) qu'au Machreq. Le colonialisme français reprendra à son compte l'appellation arabe, Maghreb, commode pour ses plans de conquête. Il mettra sous sa coupe les trois principaux pays qui le compose. Libérés du joug colonial français, chacun de ces derniers s'évertuera de se distinguer par rapport à l'autre. Coups fourrés, traîtrises, retournements en sont de rigueur. L'idéal d'un Maghreb unifié, sans frontières et où régneront la justice et la prospérité pour les peuples, s'avère un mirage. Les fossoyeurs ont pour noms, les égoïsmes et les calculs politiques étroits. Autre facteur de division, le panarabisme, idéologie étouffante, trompeuse, stérile et sans consistance qui contribuera à enterrer le rêve unitaire. L'on nous abreuve malgré tout en continu de discours ronflants et de promesses illusoires. Plus d'un demi-siècle après les indépendances, c'est chacun pour soi. Dans une rivalité belliqueuse. L'on préfère regarder vers les nations chrétiennes, espérant quelques subsides. Jusqu'à briser l'unanimité face à l'Etat d'Israël par exemple. Le Maroc l'a fait envers et contre tous. Une réplique assourdissante à tous les discours des «frères» maghrébins. Le Transmaghrébin tant vanté est enterré. Les investissements économiques communs inexistants parce qu'aucune loi ne les sécurise. D'ailleurs, tout projet est tributaire des sautes d'humeur au plus haut niveau. Pour preuve, le chantage que veut exercer le Makhzen sur le transfert du gaz algérien vers l'Espagne via le pipeline sur le territoire marocain. Quant à elles, les populations du Maghreb ne rêvent que de l'étranger. La catastrophe des migrations clandestines (harragas) n'est que la partie tonitruante de l'échec de nos dirigeants. Cap vers le Nord, la circulation intramaghrébine est au stade zéro. Les entraves sciemment dressées émoussent les touristes en herbe, les hommes d'affaires. Alors, on va en Tunisie pour le farniente malgré un certain ostracisme dont se plaignent nos compatriotes. Au Maroc, où l'on se fond plus facilement dans la foule, la proximité culturelle faisant, les contacts sont empreints d'une certaine ouverture. L'on va au Maroc pour se permettre quelques libertés, s'éclater, quoi ! Pour l'Algérie, c'est la recherche des opportunités de travail qui en est le moteur pour nos voisins. Mais ce n'est pas du tout évident. Quant aux Levantins, ils se réservent ce Maghreb-là pour leurs fantasmes, la chasse à l'outarde et la gazelle. Les 4X4 rutilants à plein gaz. Dans l'immensité du Sahara, à des kilomètres à la ronde, ni vu ni connu !B. T.
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