Algérie

IBN SIRÎN ET L'INTERPRETATION DES RÊVES La déchéance matérielle ou la contrepartie de l'idéalisme ibn-sîrîen


IBN SIRÎN ET L'INTERPRETATION DES RÊVES                                    La déchéance matérielle ou la contrepartie de l'idéalisme ibn-sîrîen
C'est cette même attitude immaculée, résultant de sa crainte d'Allah et de sa volonté de respecter inconditionnellement les lois divines qui est probablement à l'origine de sa déchéance ici-bàs, au crépuscule de sa vie : il finit ses jours en prison. Plusieurs versions circulent sur la cause de son emprisonnement. Ibn Sa'd cite l'explication donnée par 'Abdallâh al-'Ansârî :
'Ayant investi 40 000 dirhams dans l'alimentation, il apprit quelque chose sur l'origine de la marchandise qu'il prit en aversion et qu'il abandonna ou distribua en aumône. Il fut mis en prison par une femme. Mâlik Ibn al-Mindir le fit arrêter.'
Une autre cause vient justifier cette même arrestation. Une servante - qu'il avait vendue à la mère de Muhammad 'Abdallâh Ibn 'Utmân Ibn Abi'âss qui la maltraita - revint chez lui alors qu'il ne disposait plus de l'argent à rembourser. Al-Asbahânî rapporte la première de ces deux versions et ajoute qu'il a délaissé la marchandise pour une raison qui fait l'unanimité des savants, au moment où il avait failli en tirer un bénéfice de 80 000 ou gagner 40 000 dirhams. Pour al-Bagdâdî, Ibn Sîrîn a été conduit en prison en raison d'une dette qu'il avait contractée en faveur d'étrangers. Il avait acheté pour 40 000 dirhams d'huile. Dans une outre, il trouva une souris. Il dit 'la souris était au pressoir'. Il répandit toute l'huile (al-Bagdâdî). Al-Nawawî se conforme à cette version des faits, tandis qu'al-'Asqalânî se réfère à Ibn Sa'd. D'autres auteurs citent cet incident sans lui donner d'explication. Muhammad Ibn Sîrîn justifiait par d'autres arguments son emprisonnement : 'Je connais cette tristesse pour avoir commis une faute qui remonte à 40 ans... Je connais la faute qui est à l'origine de mon endettement, j'ai traité un homme de banqueroutier - muflis
- il y a 40 ans" (al-'Asbahânî). 'Il y a trente ans, j'ai injurié un homme, (aujourd'hui) j'en suis puni' (al-Bagdâdî).
Il considérait qu'il avait traité un homme de pauvre et qu'il en fut affligé. Il faut croire qu'Ibn Sîrîn était profondément convaincu de la justesse du châtiment qui le frappa car il refusa l'offre faite par son géôlier de passer la nuit chez les siens et de rejoindre la prison au matin (al-Bagdâdî). Respectueux de la légalité, il refusa aussi de sortir donner à Anas Ibn Mâlik son dernier lavement et exigea l'autorisation de l'ordonnateur de l'arrestation (al-Asbahânî). Tout d'un bloc, fidèle à ses convictions jusqu'aux moelles, sans réserve, Muhammad Ibn Sîrîn, musulman pratiquant sans faille, avait fatalement voué sa vie matérielle à l'échec. Son intransigeance ne connaissait pas de limites.
'Il a refusé le pressurage des raisins d'une propriété familiale et a proposé leur vente à l'état cru ; lorsqu'il apprit leur non-rentabilité, il proposa leur transformation en raisins secs, lorsqu'il sut que ce n'était pas une variété appropriée, il supprima le vignoble' (Ibn Sa'd).
Les mêmes principes mirent fin à sa vie de marchand d'étoffes. Un jour, on lui demanda son avis sur une question à laquelle il ne voyait pas de mal, il déclara que dans son commerce il délaissait tout ce dont il doutait, jusqu'à son abandon complet (al-Bagdâdî). Un certain Maymûn Ibn Mahrân rapporte avoir acheté du tissu chez lui, à Kûfa. À la suite de chaque acquisition, Ibn Sîrîn l'interrogeait trois fois, lui demandant s'il était satisfait. À la fin, il convoquait deux hommes pour témoigner de la conclusion du marché. Ayant apprécié ce mode de commerce, il prit l'habitude d'acquérir chez Ibn Sîrîn les choses disponibles dont il avait besoin.
Notre onirocrite refusait de faire du commerce avec de la monnaie hidjagite, de valeur douteuse et mettait de côté les fausses pièces et les suttûq / faux dirhams. Le jour de sa mort, il laissa 500 suttûq et des fausses pièces.
(À suivre)
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