Algérie

IBN SIRÎN ET L'INTERPRETATION DES RÊVES



IBN SIRÎN ET L'INTERPRETATION DES RÊVES
Toute la pratique religieuse de cet homme était marquée par sa crainte et son respect inconditionnels d'Allâh. Il ne se limitait pas aux prescriptions normales de l'Islam, mais son âme exigeait de lui des choses qu'il aurait aimé qu'elle n'exigeât pas (Ibn Sa'd). Cette exigence se reflétait dans ses occupations quotidiennes. Ainsi, il s'imposait des obligations islamiques régulières qui dépassaient largement le cadre des prescriptions légales. Tout en souscrivant à l'orthodoxie islamique, il s'en démarquait par une certaine praxis qui témoignait de l'adoration absolue qu'il portait à Allâh. Sur ses obligations régulières, s'en greffaient d'autres qu'il s'imposait. En matière de purification, lorsqu'il faisait ses ablutions, il se lavait les jambes jusqu'aux mollets, le corps quotidiennement (Ibn Sa'd, al-'Asbahânî). Il jeûnait un jour sur deux (id). Il accomplit le pélerinage à La Mecque (Al-Nawawî). Divers hadît-s transmis concordent sur sa dévotion. Ses oraisons étaient au nombre de sept ; il complétait le jour ce qui manquait la nuit (Ibn Sa'd, al-'Asbahânî). Au souk, il passait en exaltant, louant et invoquant Allâh - yukabbir wa yusabbih wa yad kuru al-lah ta'âlâ - (al-'Asbahânî, al-Dahbî). Il s'endormait avant la prière du 'isâ, se réveillait et veillait toute la nuit (al-Asbahânî). Son respect de la religion se remarquait également dans sa pratique de la langue arabe. Il détestait écrire : Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm lifulân, il disait : Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm min fulân 'ilâ fulân. Il n'acceptait de lire le Coran que selon la façon dont il a été révélé et détestait interrompre sa lecture, discuter et la reprendre (Ibn Sa'd). Tout ce qui touchait à la religion était sacralisé : il balayait sa mosquée de son habit (Ibn Sa'd). Ayant vu un homme écrire de sa salive sur sa semelle, il lui dit : cela te fera-t-il plaisir de lécher ta semelle ' (id.) Cette attitude immaculée était le fil conducteur invisible de sa vie personnelle et publique. Il n'a jamais connu l'envie ni en bien ni en mal - barran wa lâ fâgiran - (Ibn Sa'd). Bien qu'al-Dahbî signale qu'il aimait rire et s'amuser, sa crainte d'Allâh était constante et se manifestait dans ses actes. La vie sociale n'était pas le lieu de l'oubli d'Allâh mais d'obéissance à ses enseignements. 'Lorsque nous nous joignions à lui, nous échangions des propos ; il riait et demandait des nouvelles. Lorsqu'une question de droit lui était posée sur ce qui était licite et ce qui était illicite, il changeait de couleur, à tel point qu'il devenait méconnaissable' (Ibn Sa'd, al-'Asbahânî). 'Sa sociabilité et sa jovialité diurnes cédaient la place, la nuit venue, à des pleurs' (al-'Asbahânî). Ce même auteur rapporte un hadît selon lequel ses invités entendaient son rire le jour et ses pleurs la nuit. Aussitôt qu'il s'apercevait d'une point de médisance dans son discours, il se ressaisissait : 'Je n'ai pas vu l'homme noir', puis il disait : 'J'ai sûrement médit de l'homme !' (Ibn Sa'd, al-'Asbahânî). Cette attitude était l'une des constantes de son comportement : 'Lorsqu'on évoquait chez Ibn Sîrîn quelqu'un par le mal, Muhammad l'évoquait par ce qu'il en savait de mieux' (Ibn Sa'd). Un de ses propos affirme : si celui qui parle sait que ses paroles sont enregistrées à son compte, il sera moins loquace (id.). Ses pairs le tenaient en haute estime : 'Considérez la clémence de Muhammad et ne tenez pas compte de la colère d'al-Hasan' (Ibn Sa'd). Lorsqu'il passait le vendredi, les gens le reconnaissant, lui frayaient un passage (id.). Toute personne le voyant au souk ne manquait pas d'invoquer Allâh (al-'Asbahânî). Hammâd Ibn Zayd rapporte un rêve dans lequel il avait vu Ibn Sîrîn enchaîné.
(À suivre)


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