Lettré, il passe une partie de son existence mouvementée à la cour mérinide, remplissant diverses fonctions politiques, plus ou moins éphémères, auprès des sultans de Tunis et de Fès – ce dernier a pour Premier ministre l’écrivain Ibn al-Khatib, avec lequel Ibn Khaldoun entretiendra longtemps des relations de rivalité amicale –, puis du souverain de Grenade.Ses multiples fonctions lui donnent l’occasion d’étudier de près les phénomènes de désagrégation politique et sociale qui touchent le Maghreb et l’Andalousie de l’époque.
Lassé par les intrigues politiques, il se réfugie pendant quatre années, avec sa famille, auprès de la tribu d’Awiad Arif, dans l’actuelle ville de Frenda (TIARET) en Algérie, et se consacre à l’écriture de son principal ouvrage : Muqaddima (Prolégomènes ou Discours sur l’histoire universelle).
Arnold Toynbee dit de lui qu’il a "conçu et formulé une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays."
Une méthode historique :
L’intention première d’Ibn Khaldoun est d’écrire une histoire universelle des Arabes et des Berbères. Mais il veut d’abord établir une méthode capable d’établir les critères de la vérité historique. En définitive, l’historien va plus loin encore en définissant « la science de la culture », explicitée comme l’étude de la société humaine et des problèmes provoqués par les transformations sociales, dont la succession aboutit finalement à définir précisément la nature d’une société .
La mise en relation de l’historique et du social :
L’ouvrage Muqaddima constitue une préface à l’œuvre fondamentale, Histoire des Berbères, en sept volumes, dans laquelle Ibn Khaldoun expose comment et pourquoi l’historien doit prendre la société humaine comme objet de ses investigations ; ses observations concernent l’historiographie, l’économie, la politique et l’éducation, reliées entre elles par le concept de « cohésion sociale », conduisant à la constitution de tribus et autres types de groupes, dont l’idéologie religieuse peut être un facteur d’accroissement ; celle-ci est en effet, selon Ibn Khaldoun, le point de force qui légitime le pouvoir des dirigeants. L’affaiblissement de ces derniers s’avère inévitable dans le temps, du fait de la combinaison de facteurs psychologiques, sociaux, politiques et économiques, conduisant au déclin d’une dynastie ou d’un empire ; lesquels seront remplacés par d’autres, possédant une plus forte cohésion sociale. Ibn Khaldoun amorce une réflexion sur les heures de gloire et les périodes de déclin dans l’histoire des Arabes, largement alimentée par sa propre expérience dans les cours du Maghreb. Cet historien a su le premier mettre en relation les changements historiques et sociaux considérés, à l’époque, comme totalement indépendants. Il considère l’évolution d’une société selon une courbe exponentielle vers son apogée, puis son déclin. Toutefois la mort de ses parents à la suite d’une épidémie de peste (1349) le conduit à penser qu’il a été le témoin de l’un des « événements pivots » de l’histoire, c’est-à-dire un événement à l’occasion duquel se met en place un changement des conditions, comme s’il y avait une nouvelle création, un monde amené vers une existence renouvelée. La peste est donnée comme fait primordial ayant eu un impact sur la société musulmane ; mais l’historien est, en outre, conscient de l’importance de l’invasion mongole et du développement contemporain de l’Europe. La traduction de Muqaddima en turc fut effectuée au XVIIe siècle et c’est seulement à partir de 1860, lorsque fut accomplie une traduction complète de son œuvre, en français, que ce grand historien fut considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie et de l’économie politique.
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Posté Le : 19/09/2011
Posté par : vizirdjiafar
Ecrit par : SI MERABET NOUREDDINE
Source : SI MERABET NOUREDDINE