Algérie

Hurler avec les loups'



Hurler avec les loups'
L'euphorie, un peu surfaite, suite à «l'accord-cadre» de Lausanne sur le nucléaire iranien à peine apaisée, reste toutefois la question: que reproche-t-on donc à l'Iran, jusqu'à voir pointer à l'horizon une improbable alliance saoudo-sioniste' De voir l'Arabie saoudite trouver un curieux emploi à son étonnant arsenal' De voir des Arabes, incapables de défendre la Palestine et faire front à Israël, se «coaliser» pour frapper des milices chiites' Beaucoup de questionnements en effet. Des réponses existent qui induisent, en filigrane, le jeu malsain de l'Arabie saoudite et de pays extra-régionaux. Ainsi, Riyadh se présente comme le pivot et le noeud gordien sous-traitant pour une puissance étrangère - dont l'objectif demeure le dépeçage du Moyen-Orient, y compris le Royaume wahhabite - la mise en désordre dudit Monde arabe. L'Arabie saoudite qui, jusqu'ici, agissait dans l'ombre - financement et aides multiformes aux mouvements déstabilisateurs dans les pays arabes - le fait soudain à découvert et prend sur elle de jouer au gendarme régional. Les événements du Yémen lui ont fourni l'opportunité de prendre le leadership d'une «coalition» dite «arabe» à laquelle une Ligue arabe servile donna le «O.K.». Un pays a néanmoins dit non à cette aventure, l'Algérie, qui refusa de s'engager sur ce terrain miné. Appréciant peu cette fin de non-recevoir, Riyadh tenta une vaine et mesquine revanche, en interdisant le survol de son territoire par l'avion d'Air Algérie devant évacuer des Algériens et des étrangers bloqués à Sanaa. Aussi, comment doit-on qualifier l'intervention militaire saoudienne au Yémen, un sauvetage' Cela s'y apparente fort peu! Une agression' Ça se discute en effet! Les Saoudiens se battent-ils contre une autre armée aussi performante que la leur' Or, l'«ennemi» contre lequel l'Arabie saoudite a rameuté le ban et l'arrière ban «arabe» est constitué par des milices Houthis, certes bien armées, mais ne possédant pas la force de frappe des Saoudiens, aidés en outre puissamment par la logistique des Etats-Unis. Et les Houthis, ce n'est pas l'Iran. Dès lors, la question qui se pose est de savoir quels objectifs poursuit Riyadh et les cibles que son aviation est chargée de frapper' Comme l'ont dénoncé des ONG internationales, qui ont rapporté le fait, les cibles prioritaires de l'aviation saoudienne sont des infrastructures de base - l'aéroport international de Sanaa a été partiellement détruit - ou des villes comme Aden. La destruction de l'infrastructure du Yémen, affaiblit davantage l'un des pays le plus pauvre du Monde arabe. Est-ce cela que l'on veut' Faut-il faire un parallèle avec ce que les monarchies avaient réalisé en Libye, en Irak et en Syrie - et semblent le poursuivre au Yémen - qui ouvrirent les portes au chaos et aux mouvements insurrectionnels, dont la majorité financée et armée par Riyadh, à l'instar des jihadistes qui mettent la Syrie à feu et à sang' La connivence est explicite entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis - restés en arrière-plan dans l'affaire yéménite, mais n'en fournissent pas moins une aide logistique de première importance - mais pour quelle fin' Du moins pour ce qui est de Riyadh, si l'on excipe du fait que l'Arabie saoudite, au même titre que le reste du Moyen-Orient est incluse dans le projet de remodelage de cette région. En effet, l'administration Obama, a repris à son compte le projet du «Grand Moyen- Orient» de son prédécesseur George W Bush et des néoconservateurs américains. Voici un passage d'un article du colonel Ralph Peters, paru le 13 septembre 2001 - soit deux jours après l'attaque contre les Tours Jumelles de New York - dans la revue de l'armée de terre US Parameters (qui montre que le projet de dépècement du Monde arabe existait bien avant les pseudo-attaques du 11 septembre 2001), lequel assurait que Washington «n'a rien à craindre de fondamental du terrorisme et qu'il ne doit pas hésiter à en faire usage». A propos du «Moyen-Orient élargi» (GME, dont il publia les cartes lors de la Commission Baker-Hamilton), il affirme que «Washington ne doit pas avoir peur du chaos généralisé dans le Monde arabe car, en définitive, une fois divisés en micro-Etats, les Arabes n'auront plus d'autres moyens de se défendre de la voracité israélienne que de se tourner vers les Etats-Unis». Alors, pour le compte de qui l'Arabie saoudite, outre de se suicider, est-elle en train de détruire les assises des Etats arabes pour permettre aux groupes terroristes de prendre la relève comme en Irak, en Syrie et en Libye' Doit-on encore se demander pourquoi l'Arabie saoudite, apte à «coaliser» les pays arabes contre un autre pays arabe, ne l'a jamais fait pour la Palestine au plus fort des agressions d'Israël, contre Ghaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées' La réponse n'est-elle pas évidente'




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