Algérie

Humour et dérision, pas interdits



Humour et dérision, pas interdits
La comédie de Mahmoud Zemmouri a été présentée la semaine dernière au Festival des films du monde de Montréal. Elle sortira simultanément en Algérie et en France au premier trimestre 2015.Montréal (Canada)De notre correspondantLe réalisateur algérien Mahmoud Zemmouri récidive et revient avec sa dérision et son humour habituels dans son dernier film au titre résolument provocateur, Certifiée Halal. Le féminin n'est pas une erreur de frappe. Il s'agit d'une fille de la banlieue française que le frère emmène de force en Algérie pour la marier à un marchand de poules et laver son honneur dans le quartier : elle avait osé parler de virginité et de sexualité à la télévision ! «Le jeune qui marie de force sa s?ur car il a honte dans le quartier, c'est une reproduction de valeurs qu'il va chercher dans un pays qu'il ne connaît pas bien au fond. Un pays fantasmé», nous dit Marie-Laurence Attias, co-scénariste du film, qui était à Montréal pour présenter le film en avant-première mondiale au Festival des films du monde.Le film, une production algéro-franco-belge, a bénéficié de l'appui de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC). Mahmoud Zemmouri reste fidèle à sa marque de fabrique : la caricature et le grossissement des traits de ses personnages !«Il est clair que nous avons forcé le trait. C'est un principe de base dans le genre, d'où les personnages super-macho comme Attalah qui s'est marié huit fois et qui n'aime que les vierges. C'est un peu Barbe bleue (dans la culture populaire française, Ndlr). Ce sont plus des archétypes que des personnages réels. Même si dans la réalité on peut parfois trouver des gens comme ça !» explique la co-scénariste qui s'est prêtée au jeu des questions-réponses avec le public nombreux à la première !Bien que les mariages forcés ne soient pas une pratique très répandue dans l'immigration algérienne en France, ils seraient toutefois environ 20 000, toutes origines confondues, selon les chiffres obtenus par Marie-Laurence Attias auprès de différentes associations. Ne voulant pas s'embarquer dans les comparaisons statistiques, elle finit par suggérer qu'ils seraient plus représentés dans les familles turques et marocaines, surtout celles d'origine rurale.On l'aura bien compris, la thématique du mariage forcé reste juste un prétexte dans le film du réalisateur de Beur Blanc Rouge. «Le sujet central est tout ce fatras qu'il y a autour de la question de la virginité, de l'honneur et du débat autour de la pureté des femmes. Tout ceci doit être pris dans le contexte du retour marqué des traditions qui sont liées à une certaine réislamisation de la société dans les banlieues en France et une régression des conditions des femmes de l'immigration toutes origines confondues», explique-t-elle.L'humour de Zemmouri a suscité quelques réactions dans le public. «On savait qu'on allait avoir des réactions assez enflammées et assez heurtées et à la fois des remerciements de ceux qui ont bien compris la distance qu'on prend par rapport à la réalité», ajoute celle qui a écrit avec le réalisateur ses trois derniers films. Et si le film renforçait les préjugés contre lesMaghrébins ' «J'espère que non, répond-elle. Le film, au contraire, s'attache à défaire les préjugés. En plus, ce n'est pas un préjugé de dire qu'il y a des mariages forcés ou de dire que c'est une société d'hommes, de machos.»




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