Algérie

HUMOUR BLANC POUR UN BILAN NOIR



La démission, acceptée en définitive, du Premier ministre palestinien Salam Fayadh est étrangement présentée comme un « coup dur » pour l'administration américaine ! Le tout accompagné de commentaires particulièrement élogieux pour le Premier ministre démissionnaire qui aurait gagné le «respect international» et assaini les «finances» et «amélioré» la sécurité. Les Palestiniens doivent bien rire devant ces superlatifs !
Pour les finances, les choses d'une tristesse affligeante, la grande gestion de ce bon élève du FMI se traduit par une dette de près de 6 milliards de dollars ! Voilà un Etat théorique qui a déjà une dette substantielle alors que le «réalisme» présumé du couple Abbas-Fayadh était censé permettre d'assurer le financement de l'Autorité à partir de dons. Non seulement cette Autorité n'a engrangé aucun gain sérieux - la reconnaissance de l'Onu ne change pas la donne - pour les droits nationaux des Palestiniens mais elle les enserre dans la dette ! Dire que M. Fayadh a assaini les finances relève d'un humour occidental très particulier. Pour la «sécurité», les choses sont très prosaïques. Les services de sécurité palestiniens «collaborent» avec les Israéliens, arrêtent les résistants et les contestataires. Le pire est que cette collaboration ne les prémunit même pas de se faire arrêter et tuer par les Israéliens !
Salam Fayadh avait peut-être le respect des Occidentaux, il n'avait pas celui des siens, les Palestiniens. Les superlatifs sur le «bon Arabe» qui viennent des médias occidentaux ne compenseront jamais l'opinion des Palestiniens. La démission en mars dernier du ministre des Finances Nabil Qassis a été la cause apparente de la brouille entre Fayadh et Abbas. On dit que Fayadh n'était pas enthousiaste à l'idée de faire reconnaître l'Etat de Palestine par l'Onu car cela entraînerait des mesures de rétorsion financière. Il reste que les problèmes financiers de l'Autorité palestinienne ne datent pas de la «reconnaissance» et M. Fayadh, avec l'appui des Occidentaux, a tenu le poste des Finances de 2002 à 2005 avant de devenir Premier ministre en 2007.
Le Hamas - qui sombre gravement dans un séparatisme intégriste crétin contre les femmes à Ghaza - affirme que le départ de Fayadh est un problème interne au Fatah et n'est pas lié à la réconciliation interpalestinienne. C'est un fait. En réalité, il y a peu de différences sur le fond entre Mahmoud Abbas et Salam Fayadh, ils sont tous les deux dans la logique d'Oslo que même l'un des initiateurs israéliens, Yossi Belin, considère comme morte. Belin a même publié une lettre ouverte à Mahmoud Abbas intitulée «Cher Abou Mazen, faites cesser la farce». C'est bien ce fond commun qui consiste à s'accrocher à une fiction pour complaire aux Américains qui unit les deux hommes. Fayadh ayant un parcours très «américain» et très FMI, on devine pourquoi il a les faveurs des médias occidentaux. Mahmoud Abbas a été, à un moment de sa vie, dans un Fatah militant et révolutionnaire. Il ne l'est plus depuis longtemps.
Il ne sert à rien d'essayer de les opposer «politiquement», les Palestiniens savent de quoi il retourne. Ils savent que les deux hommes sont dans la même optique d'un faux réalisme qui mène la cause palestinienne dans l'impasse. Celui d'une Autorité qui leur fait perdre du temps tout en les criblant de dettes.


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