Humeur
Diana, Sarkozy et le voile On avait du mal à fixer l?écran. Il est loin le temps où les journalistes français donnaient des leçons de liberté d?expression au reste de la planète. Il est loin le temps où les journalistes se drapaient de patriotisme pour défendre la laïcité. La moindre élève voilée déclenchait une hystérie nationale. Et aux hommes politiques de droite comme de gauche de crier à la République en danger. Et aujourd?hui, par un vendredi censé être républicain comme les autres jours de la semaine, les télévisions retransmettent en direct la cérémonie des dix ans de la disparition de Diana. Des discours religieux à avoir le tournis. Des propos puérils des journalistes qui nous informaient que les enfants de la princesse aimaient leur mère, qu?ils étaient modernes car ils se sont permis de saluer de la main leurs amis, que le protocole exige que la reine ne chante pas « God save the queen »? Des propos lénifiants. Des journalistes Léon Zitrone. Des VRP. L?indignation à géométrie variable. Les petites filles voilées apprécieront le deux poids, deux mesures. La laïcité à géométrie variable. Ensuite, Sarkozy, encore et toujours. A pleins tubes cathodiques. Un traitement journalistique digne de notre ENTV ou encore de la télévision tunisienne. Une soumission effrayante. Aucun recul, aucune critique. La Pravda, avec ses petits. Beaucoup d?El Moudjahid dans le paysage médiatique. L?omniprésence de Nicolas Sarkozy n?a d?égale que celle de Ben Ali ou de Bouteflika dans les médias officiels. Digne de l?ORTF. La frontière entre le journalisme et la communication politique est brouillée. Sans que cela ne pose de problèmes déontologiques, apparemment. C?est aussi cela la France. Des intellectuels, anciens maoistes ou mitterrandiens, qui font allégeance au nouvel homme fort. Il fait un temps à réapprendre la modestie, à fuir le conformisme asphyxiant.
Posté Le : 03/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : R. Y.
Source : www.elwatan.com