Algérie

Hulot sans Ushuaia



Hulot sans Ushuaia
Nicolas Hulot est depuis hier à Alger. Mais que les fans d'Ushuaia ne s'enflamment pas, il est là pour autre chose. Les passionnés des grands espaces et des secrets de la nature qui rêvaient de voir un jour cette prestigieuse émission s'intéresser à notre pays devront attendre. Il faudra beaucoup de choses pour que cela se réalise. Ces conditions ne sont pas là et ce n'est seulement par la faute de ceux qui produisent l'émission, la réalisent ou la diffusent. Ceci est un autre débat.Dans la visite de quatre jours que Nicolas Hulot devait entamer hier en Algérie comme envoyé spécial du président français François Hollande, il est question de «? sensibiliser, informer et mobiliser la communauté internationale sur la crise écologique mondiale et les moyens pour y faire face, de promouvoir les idées et les valeurs de la France en matière de développement durable, et de relayer les propositions de la société civile pour mieux préserver notre environnement et favoriser le développement humain».On ne pouvait pas attendre d'un communiqué de l'ambassade de France qu'il détaille ce voyage, mais on pensait qu'il pouvait tout de même aller au-delà de l'annonce protocolaire.Pour un missionnaire spécial du président de la République, on aurait pu espérer un programme «moins bateau» d'une visite de quatre jours où il y aurait de la place pour la coopération bilatérale entre les deux pays en matière d'environnement, un enjeu de développement de plus en plus consistant dans les relations internationales. Le problème est que M. Hulot ne semble pas être «là pour ça».Même s'il doit quand même rencontrer les autorités, des «personnalités de la société civile et des chefs d'entreprises françaises en activité en Algérie, il sera surtout question de préparer la conférence Paris Climat 2015, dénommée «COP 21». Il s'agira donc d'obtenir la participation algérienne à cette rencontre internationale, ce qui ne devrait pas poser problème, et bien sûr aligner l'Algérie sur les thèses françaises en la matière.Et pour ce faire, il n'y a pas mieux que M. Hulot comme ambassadeur, de par son engagement sur les questions environnementales et sa notoriété médiatique. Cela arrive à un moment où il est beaucoup question d'écologie en France. Beaucoup de discours «écolos» bien pensants sont battus en brèche par réalisme économique ou par obsolescence scientifique et sur le terrain, le pays peine à rattraper ces retards et dépasser ses pesanteurs.A tel point que la majorité socialiste aux affaires ne sait plus quoi faire de ses «Verts» du coup trop encombrants pour figurer dans un gouvernement en nette mutation identitaire.Les ministres «écolos» sont d'autant plus encombrants qu'ils ne donnent pas l'impression de vouloir partir en dépit de l'érosion tous les jours plus nette des compromis qui ont théoriquement motivé leur participation au gouvernement. En Algérie, en dehors de quelques associations, sans ancrage, sans moyens et parfois sans conviction, les questions environnementales restent un caprice de riches.Au sein du gouvernement, y compris avec la création d'un super ministère, l'environnement reste une velléité qui permet de «faire comme tout le monde»? civilisé. La saleté ordinaire est à son comble, nos fonds marins sont en péril, le désert avance à la vitesse d'un sprinter, la nappe phréatique est menacée?Et paradoxalement, c'est le dossier des gaz de schiste qui fait le plus de bruit au moment où un débat de plus en plus pertinent et passionnant est entamé dans le monde. Un débat scientifique et économique très loin des certitudes de nos «militants» au verdict trop péremptoire pour être lucide.Pendant ce temps, les Etats-Unis en font l'outil majeur de leur renouveau industriel des siècles à venir et l'Europe voit venir. Autant dire alors que sur la question, il y en a qui vont beaucoup plus vite que la musique. On s'éloigne déjà de la visite de Nicolas Hulot. Mais n'est-ce pas qu'il n'est pas là pour ça 'laouarisliman@gmail.com




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