Huitième ou parmi les dix 'Point Net

L'Algérie est le huitième pays où les carburants sont les moins chers du monde. Un peu comme nous dire que c'est peut-être trop beau que notre pays occupe une si honorable place dans un classement qui ne concerne pas les plus mauvais, tout le monde aura remarqué que quasiment ceux qui en ont parlé, la presse en premier, ont préféré une formule plus «pudique» pour le dire : l'Algérie parmi les 10 premiers, donc !Mais ce n'est pas le plus important, la précision n'a jamais été au rendez-vous de nos évaluations et de nos projections.
Quand ils sont de «fabrication locale», les chiffres ont depuis longtemps déserté la surprise : on les triture, vers le bas ou vers le haut, selon les accommodements.
Ou alors on les interprète de façon à leur faire dire ce qu'on veut bien qu'ils disent. Quand ils viennent d'ailleurs, c'est la même chose ou presque, toujours selon les accommodements. L'Algérie, huitième pays où les carburants coûtent le moins cher dans le monde.
Pardon, l'Algérie parmi les 10 pays où les carburants coûtent le moins cher dans le monde. Personne n'a réagi officiellement à ce chiffre venu d'ailleurs, du «cabinet allemand GIZ, spécialisé dans l'expertise multisectorielle au niveau régional et international».
La précision n'est toujours pas notre fort mais on s'en accommode quand elle ne dérange rien. Les carburants coûtent en moyenne 0,180 euro par litre.
On le découvre seulement parce qu'on a l'habitude de le payer en dinars. Et quand on paie en dinars, c'est toujours moins affolant.
Ou moins' grave ! Huitième ou parmi les dix, 0,180 euro ou «à peu près» 15 dinars, il est des situations bien embarrassantes.
Quand un chiffre vient d'ailleurs, et les classements viennent toujours d'ailleurs, on a généralement une réponse. Elle prend la forme d'une riposte, d'une parade ou d'un démenti tiré par les cheveux.
Ça va être la rare, si ce n'est l'unique fois où on ne sait pas encore quoi choisir, dans la palette des réactions. On ne l'a peut-être pas prévu, celle-là et c'est gênant. Ça va peut-être venir avec un peu de retard ou ne pas venir du tout.
Et si on n'avait pas réponse à tout ' Parce que bien malin celui qui dira si ce «bon» classement est une' bonne ou mauvaise chose. Et surtout s'il découle de bons ou de mauvais choix économiques.
Pour répondre à la question, il faudra peut-être avoir une compétence particulière sur la question. Mais on n'a pas toujours besoin d'être expert.
La Norvège, un exemple de réussite socioéconomique, un modèle d'humanité dans un monde féroce, est le pays où les carburants sont les plus chers dans le monde !
Ce pays ne manque pourtant pas de pétrole, par-dessus le marché, même si, il est vrai, elle va le chercher par l'effort et le savoir-faire, sur les plateformes de la mer du Nord !
On y parle même de sa «gestion éthique», qui n'est pas tout à fait l'équivalent de nos palabres sur l'après-pétrole. Parallèle pour parallèle, il n'y a dans ce pays ni notre frénésie pour l'automobile, ni nos dégâts environnementaux, ni nos' halabas qui s'en vont la nuit tombée ou en plein jour, acheminer l'essence et le fioul subventionnés vers les pays voisins pas plus heureux économiquement mais seulement moins gâtés par la nature, si généreuse avec nous.
Il n'y a pas eu de réplique comme on en a l'habitude mais l'Algérien ordinaire doit avoir déjà son idée. Quand la Norvège est dernière dans un classement où on est parmi les premiers, c'est déjà louche. Même si, au fond, ce n'est pas si louche que ça.