Le c'ur de Fadel, l'homme-oiseau, le démangea. Il n'arrive pas à comprendre le pourquoi du comment du « jetage » de l'argent des autres par les fenêtres. Son ami et collègue des nuages, Bachir, l'homme à la queue de cheval, lui non plus n'a pas les réponses aux nombreux points d'interrogation qui l'accompagnent. Tous les deux ont dans la bouche les mêmes questions mâchées par des millions d'autres bouches avides de savoir. La mosquée à un milliard est-elle un investissement d'utilité publique ' Et ce milliard, en fin de compte, il appartient à qui ' Toute cette oseille, elle a été prise dans quel coffre-fort ' C'est le fric du peuple. Mais le peuple c'est quoi en définitive ' C'est qui en particulier ' C'est le blé du Trésor ' Alors d'où est-ce qu'il l'a ramené ' Encore et toujours des points d'interrogation restés sans échos. Peut-être bien que c'est le pognon de Sonatrach, la mère nourricière de l'Algérie ' Et qui se cache derrière Sonatrach ' Et puisque l'Algérie n'appartient pas à tous les Algériens, à qui appartient donc Sonatrach ' Est-elle une épicerie familiale ' L'hérite-t-on ' Possède-t-elle un registre de commerce ' Est-elle alors la propriété de tout un peuple ' La réponse la plus plausible, enveloppée dans du papier de bon sens et empaquetée dans un sac de logique est Non. La dernière sortie de la mamelle de l'Algérie ne passe pas ni chez les sportifs, ni chez Fadel. Bachir, lui, rêve de voir le milliard, donné à des Chinois taoïstes et bouddhistes, mais travailleurs, partagé entre tous les Algériens, bon musulmans si ça se trouve, quoi, mais fainéants. Non contente de sa réputation sulfureuse, la compagnie pétrolière a décidé de prendre en charge certains clubs de football, en premier l'équipe de la Capitale. Si dans une autre époque, le parrainage de formations sportives par des entreprises nationales était le bienvenu, on voit mal ce retour en arrière d'autant plus que le foot est devenu professionnel en Algérie. Cette mentalité d'éternel assistanat s'applique à toutes les catégories sociales qui, depuis 1962, considèrent que le travail, le logement et la rente sont un droit divin. Cette porte entrouverte par Sonatrach a de quoi choquer, en premier lieu, parmi ses propres employés. Un président de club non concerné par les largesses pétrolières s'est offusqué en rappelant que Sonatrach est la propriété de tous les Algériens et donc elle devra prendre en charge toutes les associations sportives. Et nous dans tout ça, qui va nous prendre en charge ' Comme l'explique Fadel, combien devra-t-on payer un joueur de football qui a pour tout bagage intellectuel un pied carré à la semelle en plomb. Aura-t-il le grade de cadre de la société ou ingénieur. Technicien supérieur ou simple agent de sécurité. Car avec la nouvelle formule du foot algérien, les joueurs, médiocres à mourir, exigent des salaires juste disproportionnés par rapport à leurs qualités techniques. Et on voit mal, un ingénieur qui travaille au pied d'un derrick, sous le soleil méchant du sud, accepter qu'un unijambiste courant comme un dératé derrière un ballon touche trois à quatre fois son salaire. C'est tout simplement indécent. Une insulte faite au travail et à l'intelligence algérienne. Et ce n'est ni la première, ni la dernière pour notre malheur.
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Posté Le : 29/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com