Algérie

Huis clos Arret sur image


Huis clos Arret sur image
«Nous devons beaucoup à la directrice de la Maison de la culture de Zéralda, qui nous a ouvert la porte de son institution, nous a encouragés et a même consacré une partie du budget de la Maison de la culture pour acheter des tapis de sol pour nous permettre de répéter.» C'est une déclaration du leader d'un groupe de danse moderne qui rame à contre-courant pour dénicher une place sur la scène culturelle pourtant presque vide. En temps normal, l'initiative, certes louable, de cette directrice serait, somme toute, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Elle aurait tout juste suscité des remerciements, même appuyés, mais certainement pas une citation dithyrambique. Et si c'est le cas, c'est bien parce que l'action de cette responsable est inhabituelle, exceptionnelle dirons-nous. Car, ailleurs, les Maisons de la culture et les Maisons de jeunes, dans leur écrasante majorité, ne sont que des coquilles vides. Elles sont soit sous-équipées, donc ne pouvant assumer leurs missions, soit sous-exploitées parce que leurs responsables agissent en ronds de cuir appliquant les heures d'ouverture et de fermeture imposées aux administrations, et entendent soumettre la création et l'activité artistique à un emploi du temps et aux horaires de bureau. Ces blocages sont tels qu'on est d'ailleurs souvent arrêtés à l'entrée de la Maison de jeunes ou de la Culture par le gardien omnipotent qui impose sa loi, les heures d'accès et décide qui a le droit d'entrer ou non. Ça, c'est le «normal» en Algérie. Il est vrai que dans les grandes villes, les Palais et Maisons de la culture et de jeunes sont relativement actifs, sans doute parce qu'ils sont au-devant de la scène et donc exposés aux critiques qui peuvent leur valoir des rappels à l'ordre de leurs tutelles. Ce n'est pas le cas dans les petites villes et les villages où ni les jeunes désireux de s'initier à un art ni les artistes ne peuvent prétendre disposer de ces espaces librement, encore moins du matériel qui s'y trouve, si d'aventure il existe. Evidemment, les directeurs, en bons bureaucrates, trouveront réponses à tous les refus qu'ils opposeraient et des explications à tous les écueils qu'on évoquerait. La fermeture des portes et l'imposition d'horaires de bureau deviendront souci d'organisation alors que le manque de matériel sera, lui, imputé à l'insuffisance des budgets. Si la deuxième parade est justifiée, la première est, elle, irrecevable. On ne peut demander à des artistes de créer ou d'être inspirés à une heure donnée, même si la rigueur dans les répétitions est de mise. Quant aux budgets, toute la responsabilité revient aux tutelles. On a construit ces structures socioculturelles partout juste pour se pavaner et dire que l'Algérie est bien dotée en infrastructures culturelles. Sinon, comment expliquer qu'elles soient mal administrées, mal gérées et mal équipées ' Pourtant, il suffirait de revoir l'affectation des budgets, les profils des responsables et les cahiers des charges pour faire sortir ces espaces de la catalepsie dans laquelle on les a plongés.
H. G.
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