Orphelin de toujours, l’enfant qu’il fut se souvient et la douleur se change en écriture : Mustapha Berkani a été poète avant de devenir enseignant et ce qu’il transmet, au nom des siens, est une vaste chanson de geste dans le style dépouillé comme la guerre qu’il a vécue et que la force des sentiments enrichit de passages poétiques.
L’évènement est présent, dur, voire horrible ; mais la voix qui s’élève sur les ruines et la mort est celle d’un chant de renaissance sans cesse renouvelé dans les travaux et les jours.
Qu’il s’agisse de la montagne, austère nourricière, ou de la mer, découverte avec une sensualité émerveillée, le destin de l’enfant porte le signe de la tragédie et de la simple survie sous le ciel de Kabylie.
L’hommage rendu par Mustapha Berkani aux siens, en particulier aux femmes de deux générations qui ont su résister dans les conditions les plus précaires, s’exprime avec une émotion positive : jamais, après cinquante ans de mémoire enfouie, cette autobiographie familiale ne prend le tour d’un règlement de compte avec la puissance coloniale.
La voix de Mustapha Berkani, obstinée et sereine, retentit comme un hymne à la vie et à la terre des ancêtres.
Philippe Braunstein (historien)
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Posté par : musmus1953