Algérie

HRW dénonce le durcissement de la répression en Algérie



L'ONG déplore la forte mobilisation policière pour "arrêter des citoyens qui ne faisaient que brandir un drapeau ou une pancarte".L'organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW) a dénoncé, hier dans son rapport, l'escalade de la répression contre les manifestants, l'emprisonnement des protestataires pour avoir brandi le drapeau amazigh, la fermeture des espaces publics et l'interdiction de réunion pour les partis politiques et les mesures prises à l'encontre de plusieurs sites d'information, devenus inaccessibles en Algérie. "Les autorités algériennes ont emprisonné des dizaines de personnes au cours des six mois qui ont suivi le début de la vague de manifestations ayant forcé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission", a souligné d'emblée cette ONG, qui déplore la forte mobilisation policière pour "arrêter des gens qui ne faisaient que brandir un drapeau ou une pancarte. Les autorités ont emprisonné un vétéran de la guerre d'indépendance (Bouregâa, ndlr) parce qu'il a critiqué l'armée et annulé des réunions de partis politiques et d'associations".
Lama Fakih, directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, constate que les autorités algériennes toléraient des manifestations gigantesques, dans lesquelles des millions de personnes réclamaient des réformes politiques. Mais très vite, dénonce-t-elle, "les forces de police se déploient massivement dans les rues et sur les places du centre d'Alger, ainsi qu'à des points de contrôle, ce qui limite le nombre de personnes qui parviennent à rejoindre les marches et permet de contrôler étroitement ceux qui arrivent à s'y rendre (?) Mais les autorités resserrent leur étau, emprisonnant des manifestants pour le simple port d'un drapeau et décourageant beaucoup de gens à manifester". Evoquant la situation politique du pays, marquée par une impasse inédite, cette ONG rappelle que "depuis la démission de Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah, 79 ans, que l'ancien chef de l'Etat avait nommé chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense, est considéré comme le nouvel homme fort de l'Algérie. Le 26 août, Gaïd Salah a rejeté la transition que réclamaient les manifestants (?) et a mis en garde contre certaines parties étrangères qui chercheraient à déstabiliser l'Algérie". Tout en mettant en avant que "brandir le drapeau d'une communauté ethnique est un acte d'expression pacifique protégé par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Algérie a ratifié en 1989", HRW rappelle que, depuis le 21 juin, les forces de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations dans tout le pays, ciblant des manifestants munis du drapeau amazigh. "Une quarantaine de manifestants demeurent aujourd'hui en détention, la plupart à Alger. Tous sont inculpés d'atteinte à l'intégrité du territoire national, passibles de jusqu'à dix ans de prison en vertu de l'article 79 du code pénal", déplore encore cette ONG, qui dénonce l'arrestation, le 30 juin dernier, de Lakhdar Bouregâa (87 ans) et de plusieurs militants de l'association RAJ. Dans le même document, HRW a également relevé l'interdiction de réunion pour les partis politiques, la société civile et les forces de l'Alternative démocratique.
Evoquant la liberté d'expression, cette ONG regrette que des sites d'information soient toujours bloqués par les autorités pour avoir critiqué les dirigeants. Concernant les marches du vendredi, l'ONG a épinglé les autorités qui installent des points de contrôle sur les routes menant à la capitale pour ralentir les automobilistes qui veulent se rendre sur les sites des manifestations et qui ferment le service du métro à Alger, les gares de tramway, de train et de bus près des lieux de manifestation. Enfin, HRW a dénoncé l'expulsion, le 19 août dernier, d'un de ses responsables (Ahmed Benchemsi), "alors qu'il observait la marche du vendredi sur l'avenue Didouche-Mourad, au centre d'Alger. Les autorités l'ont détenu pendant dix heures et ont saisi ses passeports, les confisquant pendant dix jours, sans l'informer d'aucune accusation contre lui, avant de finir par l'expulser". Pour Lama Fakih, "tandis que les autorités violent les droits et intensifient la répression, les manifestants se préparent à des marches plus grosses encore en septembre (?) Les autorités doivent faire marche arrière et octroyer au peuple algérien les libertés d'expression et de réunion auxquelles il a droit".
FARID BELGACEM


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