Algérie - COMMUNES

Houris prochain roman de Kamel Daoud La femme muette qui en dit long...


Publié le 29.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le 15 août prochain, paraîtra le nouveau roman, coup de poing, de Kamel Daoud, aux éditions Gallimard, dans la collection «Blanche».

Le livre est décliné dans un style poétique à relent métaphorique. Il a trait à la condition de la femme en Algérie, sur fond de marasme sociopolitique. «Aube est une jeune Algérienne muette qui rêve d'une greffe de voix.
Les tragédies qui ont marqué le pays, notamment la guerre d'indépendance et la guerre civile des années 1990, sont ancrées sur son corps sous la forme d'une cicatrice au cou. Enceinte, elle se rend dans son village natal pour questionner les morts, interrogeant son droit de garder l'enfant à venir.» est le résumé de cette bouleversante histoire. «Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant.» écrit Kamel Daoud dans ce livre de 416 pages, où la jeune aube dialogue avec l'enfant qu'elle cache dans son ventre et qu'elle souhaite s'en débarrasser, alors que sa mère s'apprête à voyager en Europe à la rencontre d'un médecin chirurgien dans l'espoir qu'il puisse enfin rendre la voix à sa fille... Dans la première partie de ce roman, baptisé « «la voix» nous pouvons lire: «Moi, un livre? Mon corps représenterait un gros cahier, chargé de secrets? Une écriture pour que nul ne puisse oublier ce qui est arrivé en dix ans en Algérie?». Khadija, la mère d'Aube a 58 ans et sa fille, 26. Cette dernière est enceinte, sa mère s'envole en Belgique pour tenter de persuader un médecin chirurgien de faire retrouver la voix à sa fille en l'opérant. Une chimère pour la fille qui n y croit plus. La mère possède un cabinet d'avocat, elle exerce depuis près de 30 ans. Bébé, on l'a découverte dans un berceau le jour de l'indépendance. Aube c'est «en langue intérieure», écrit Kamel Daoud et «Fedjr en langue extérieure». Cette dernière possède un salon de coiffure. Elle est née le premier janvier de l'année 2000. «C'est un trou qu'on m'a percé pour respirer lorsqu'on me sauva la vie le 1er janvier 2000. Après, il y a la canule, c'est ce morceau de ma vie glacé, blanc et bien emboîté. Elle est fabriquée de plastique et non de chair. Je la porte depuis l'âge de cinq ans, depuis la première semaine après ma naissance miraculeuse, mon retour dans le monde des vivants, et elle fait partie de moi. Dès que le «sourire» cicatrisa, la première année, mon oesophage desséché se réhydrata lentement. On m'introduisit alors un tube par lequel je pus remonter à la surface de la vie et inspirer comme une noyée sauvée.» lit- on encore.
«Ma petite Houri, que viendrais-tu faire avec une mère comme moi, dans un pays qui ne veut pas de nous, les femmes, ou seulement la nuit? Je te raconterai tout ce que je peux mais, à un moment, il faudra bien s'arrêter. Je suis un livre dont la fin est la tienne.» note Kamel Daoud à la page 36. Une histoire, vous l'aurez compris, profondément tragique qui revient sur un passé douloureux de l'Algérie.
Un passé pas si lointain et dont les stigmates sont toujours et indubitablement toujours là que ce soit sur le plan physique où psychologique et dont l'auteur de Zabor ou les psaumes évoque, ici, avec nous sans concession. Avec une plume acérée, telle que l'on connait et des prises de position bien tranchées, ce qui lui valent souvent des polémiques et des débats souvent enrichissants, Kamel Daoud vient taper à nouveau, là où ça fait mal grâce à ce livre coup de poing qui, gageons, fera assurément du bruit, lors de sa sortie, l'on espère bientôt en Algérie. Si l'on perçoit l'attrait du journaliste qui reste encore omniprésent, l'auteur se penche aussi sur l'aspect humain, grâce à une vision intimiste et engagée, rehaussé d' un style littéraire résolument bien confirmée. Pour rappel, né en 1970 à Mostaganem (Algérie), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il a été journaliste au Quotidien d'Oran où il a longtemps été rédacteur en chef et où il a tenu depuis douze ans la chronique quotidienne la plus lue d'Algérie. Son premier roman, Meursault, contre-enquête, traduit dans une trentaine de langues, a rencontré un immense succès dans le monde entier et a, notamment reçu en 2015 le prix Goncourt du premier roman.
En 2017, il publie un recueil de ses chroniques dans Mes Indépendances. Primé d'un prix Goncourt du premier roman, Kamel Daoud se présente comme une des valeurs sûres de la littérature algérienne d'expression française avec une réflexion souvent critique sur la société algérienne. en 2018, il sort Le peintre dévorant la femme, paru aux éditions Stock en France et chez Barzakh, son éditeur en Algérie. Le sujet de la femme est un thème qui importe beaucoup à ses yeux. Houris fait partie des livres des plus attendus de la rentrée en Algérie.
On l'attend avec impatience!
O. HIND

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)