Algérie

Houmti, mieux que tout



Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire ; sa beauté à tout le monde. C'est donc dépasser son droit que de la détruire V. HUGO (dans les combats contre les démolisseurs.)La dégradation de nos bâtiments anciens appelés à être préservés est due au temps. Après examens complets, nos ingénieurs feront le diagnostique.
Prendre des décisions hâtives sans consulter nos ingénieurs en génie-civil spécialisés. Démolir une bâtisse pour cause de fissuration ou d'effondrement des planchers, c'est comme démolir sa voiture pour cause de panne de moteur.
Dans le patrimoine immobilier, tout se répare, rien ne se perd pourvue que le politique soutienne le technique. Si on prend par exemple l'itinéraire de Bab El Oued à Belcourt, se présente à nous une vraie symphonie architecturale une musique composée suivant l'ordre du nombre d'or, un critère qui n'existe plus aujourd'hui ; imaginons ici un vide de démolition même remplie d'une nouvelle construction ça nous fait mal aux yeux.
C'est vécu comme un traumatisme pour les habitués, il n'est pas question ici de préservation des mémoriaux, mais de gâchis. Les bâtiments réhabilités fonctionneront comme des bâtiments neufs, sans effacer les traces des anciens. Utiliser des techniques modernes pour pouvoir suivre la cadence des futures demandes de sauvegarde du bâti ancien et de ses habitants, comme par exemple, plonger dans les murs vides de planchers des constructions métalliques, poteaux, poutres liés indépendamment des murs.
Les balcons filants posent problèmes, ils sont usés avant leurs planchers dont ils sont le prolongement. Dans des ruelles plantées de forêt de balcons, par l'usure ces derniers deviennent attaquants. Les transformer en saillie c'est-à-dire les diminuer de leurs 3?4 de largeur, juste pour faire pivoter les persiennes. Ces balcons saillis deviendront le fond de décors des beaux balcons à préserver.
La Casbah
Garder La Casbah comme un lieu de notre identité nationale de résistance et de créativité architecturale, diminuer les hauteurs des immeubles gigantesques bâtis dans son centre. Au début du siècle dernier des artistes de Oued Souf ont été appelés par les plus grands architectes pour parachever les plus beaux monuments comme la Grande-Poste, une construction métallique habillée par eux, c'est une région qui est appelée à se spécialiser dans la restauration de monuments islamiques. Ils maîtrisent toujours l'art islamique pour tout l'Algérie, tout comme Bordj Bou Arréridj pour l'électronique, ou Médéa pour les chaussures.
Leur confier la restauration de La Casbah c'est continuer dans la tradition. La Casbah a été construite sans plans, la restaurer avec des relèves est un non sens, on ne colle pas une cruche brisée suivant des plans. Lâcher des maçons professionnalistes traditionnalistes dans une ruine et c'est l'instinct inné de la créativité d'antan qui se réveille.

Par Bouadalia Djamel
Dipl. ing. Architecte
Université des arts West Berlin Charlottenburg
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