Algérie

Houda Faraoun condamnée à trois ans de prison ferme



La justice reproche à l'ancienne ministre d'être intervenue pour accorder à deux entreprises chinoises, ZTE et Huawei, deux grands marchés de déploiement de la fibre optique.L'ancienne ministre de la Poste, des Technologies de l'information et de la communication, Imane-Houda Faraoun a été condamnée, hier, par la cour de justice d'Alger, à trois ans de prison ferme, une peine assortie d'une amende d'un million de dinars, confirmant ainsi la sentence du tribunal de première instance.
Pour sa part, l'ancien président-directeur général d'Algérie Télécom, Tayeb Kebal, qui comparaissait libre, a été condamné, lui, à une peine de 4 ans de prison assortie d'une amende d'un million de dinars. En première instance, l'ancien dirigeant avait écopé d'une peine de 5 ans de prison.
La justice reproche à l'ancienne ministre d'être intervenue pour accorder à deux entreprises chinoises, ZTE et Huawei, deux grands marchés de déploiement de la fibre optique au profit de près d'un million d'habitants.
D'un montant de plus de 70 millions de dollars, les deux marchés ont été accordés de gré à gré, sans passer par l'obligation de l'avis d'appel d'offres comme l'exige la réglementation. Pour expliquer cela, Houda Faraoun a mis en avant "l'urgence" du projet.
Elle a expliqué que le gouvernement "avait décidé" de raccorder "des millions de foyers à la fibre optique" dans l'ensemble du pays. Pour faire vite, il fallait donc "procéder" par "le gré à gré".
Tout en refusant de reconnaître avoir fait l'objet de corruption, l'ancienne ministre des TIC a nié toute interférence dans le travail d'Algérie Télécom.
Pour elle, "en tant que ministre, je me contentais d'exprimer des orientations générales, comme par exemple la nécessité de relier les zones industrielles et les zones enclavées à la fibre optique. J'insistais aussi sur la nécessité du transfert de technologie et de préserver les finances publiques à travers des négociations sur des prix abordables", avait-elle justifié, lorsque le juge lui a rappelé qu'elle avait convié les responsables des deux entreprises chinoises afin de discuter du projet.
"Oui, c'est une pratique normale. En tant que ministre, je recevais des responsables de n'importe quelle société partenaire. Mais je ne m'immisçais pas dans le choix des partenaires des entreprises publiques", avait-elle encore ajouté.
La justice a révélé, lors de ces deux procès, que l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait demandé de conclure ce contrat. Mais l'homme n'a pas été convoqué ni comme témoin et encore moins comme accusé.
Chargé d'exécuter ce projet, l'ancien P-DG d'Algérie Télécom (2016-2017), Tayeb Kebal, a expliqué que le recours aux deux sociétés était justifié par "des impératifs économiques et technologiques".
Il a estimé que les entreprises chinoises étaient les meilleures dans ce domaine. Il a rappelé avoir tenté de convaincre des entreprises comme Ericsson, mais l'entreprise allemande n'était pas intéressée.
De toute façon, "Huawei et ZTE étaient des leaders mondiaux dans le domaine", avait indiqué Tayeb Kebal, qui a ajouté que les responsables d'AT avaient trouvé que les sociétés chinoises "pratiquaient des tarifications très basses".
"Nous n'avons donc pas porté atteinte aux intérêts de l'Etat", a-t-il ajouté, tout en rappelant que malgré cette affaire, ce sont toujours les deux entreprises chinoises qui déploient la fibre optique en Algérie, "à des prix beaucoup plus élevés qu'à l'époque".

Ali BOUKHLEF


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