Algérie

Houari Addi décortique la situation économique nationale actuelle



Très attendu par les étudiants et les enseignants, l'orateur a décortiqué la crise économique que vit notre pays, tout en apportant des éléments de réponses à plusieurs interrogations.Invité par le département des sciences économiques, le sociologue, écrivain et enseignant à l'université de Lyon, Houari Addi a animé hier une conférence à l'université de Tizi Ouzou. Très attendu par les étudiants et les enseignants, l'orateur a décortiqué la crise économique que vit notre pays, tout en apportant des éléments de réponses à plusieurs interrogations. Critique, Houari Addi n'a toutefois pas rejeté en bloc les solutions apportées par les gouvernements qui se sont succédé, ces dernières années. Il a remonté la piste du mal jusqu'à ses origines avec les arguments et la méthodologie qu'on lui connaît.
Pour Houari Addi, l'Algérie ne connaît pas une crise économique à proprement parler, mais plutôt une crise de répartition des richesses. Par des arguments et des exemples, le sociologue, mais aussi l'économiste est allé chercher la cause du mal dans l'histoire nationale, en particulier, et celle des pays européens, en général. Ainsi, explique-t-il, si les Etats européens ont été créés par la bourgeoisie, l'Etat algérien a été créé par l'armée, l'ALN puis l'ANP, sur la base du refus doctrinal des inégalités. Refusant de diviser la société en couches sociales distinctes, l'armée désigne ainsi une élite civile pour répartir la rente pétrolière. Cette logique fonctionne alors, lorsque les prix du pétrole sont hauts, mais devient inopérante lorsque ceux-ci flanchent. Toute crise du pétrole induit une crise en Algérie que Houari Addi refuse d'appeler économique, considérant que c'est le mécanisme de répartition des richesses qui devient non fonctionnel.
Pour l'orateur donc, ce refus de diviser la société en couches sociales, bloque la logique capitaliste de création des richesses. C'est une logique populiste qui a vite eu les répercussions néfastes sur la valeur du dinar et par voie de conséquence, le pouvoir d'achat des populations.
C'est en fait ce processus qui est appelé aujourd'hui crise économique, alors que c'est une crise de répartition des richesses. Pour le sociologue et économiste Addi, l'Etat algérien ne pourra pas continuer à subventionner les prix des produits à moyen terme, car les charges deviendront insupportables avec les prix du pétrole actuels.
Aussi, l'orateur conclura que les riches actuellement ne sont pas détenteurs d'un capital, mais de fortunes monétaires qui ne participent pas encore à l'émergence d'une économie déconnectée du politique. Et c'est à cette tâche-là que Houari Addi appelle l'université qui devra à l'avenir travailler à élever la culture politique des futurs dirigeants. Pour l'instant, affirmait-il, le pouvoir exécutif domine tous les autres et qu'il faudra bien le faire reculer par le politique et les lois. Les différents pouvoirs doivent dépasser cette logique conflictuelle où par exemple le pouvoir juridique refuse l'autonomie d'autres pouvoirs et vice-versa.
Dans cette logique justement, l'orateur considère que l'absence de l'autonomie syndicale est en partie la cause de la chute de la valeur du dinar et le pouvoir d'achat des populations. Enfin, l'orateur qui a appelé à ne plus vivre avec l'attente des réunions de l'Opep a plaidé pour un travail visant la création d'un véritable capital créateur de richesse pour se trouver des moyens d'affronter la concurrence internationale. L'entreprise privée et publique doit reconquérir l'offre nationale qui va aux entreprises étrangères. Il faudra, pour ce faire, décourager politiquement et par les lois, l'import des produits que l'Algérie peut fabriquer.


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