Les hospitalo-universitaires étrangers recrutés pour exercer en Algérie
percevront le traitement de base de leurs homologues algériens. Cette décision
figure dans le décret exécutif, n° 09-272 du 30 août 2009, «modifiant et
complétant le décret n° 86-276 du 11 novembre 1986 fixant les conditions de
recrutement des personnels étrangers dans les services de l'Etat, des
collectivités locales, établissements, organismes et entreprises publics»,
publié dans le journal officiel n°50. L'article n°2 de ce décret (qui n'en
comporte que trois) stipule que «les personnels étrangers recrutés pour exercer
les fonctions de professeur hospitalo-universitaire, professeur, maître de
conférences hospitalo-universitaire classe «A», maître de conférences classe
«A», maître de conférences hospitalo-universitaire classe «B» et maître de
conférences classe «B» au sein des établissements d'enseignement supérieur
perçoivent le traitement de base de leurs homologues algériens». Il est
également précisé que le traitement de base dont il est question précédemment
«est affecté d'un coefficient correcteur compris entre 2 et 4,1».
La question du recrutement des
hospitalo-universitaires étrangers et des rémunérations qui leur sont accordées
a longtemps été un sujet de discorde entre les praticiens et les pouvoirs publics.
Interrogé à ce propos, le professeur Nasreddine Djidjeli, secrétaire général du
Syndicat des professeurs et docents en médecine (SPDM), estime que le décret
est déjà une avancée dans la mesure où il met fin à l'opacité qui entourait le
sujet. «Certains de nos collègues trouvaient anormal que le recrutement des
hospitalo-universitaires étrangers se fasse sans aucune transparence. Des
rumeurs faisaient état de salaires allant de 10 à 20 fois que ceux perçus par
les hospitalo-universitaires algériens. Donc c'est déjà une bonne chose que
cette question soit traitée dans la transparence», affirme notre interlocuteur.
Pour le professeur Djidjeli,
«s'il y a une compétence avérée qui n'existe pas en Algérie, je trouve normal
que les autorités négocient le salaire d'un étranger», seulement, ajoute-t-il,
«il faut y mettre des balises». Lesquelles ? «Je ne pense pas qu'il soit
pertinent ni raisonnable que ce soit l'administration qui pilote de bout en
bout le recrutement d'un hospitalo-universitaire étranger», dit-il. Pour ce
responsable du SPDM, la décision comporte deux volets. Le premier «est d'ordre
politique», qui doit être, selon lui, «assumé par l'administration à qui lui
revient de décider de faire appel à des étrangers». Le second est «d'ordre technique»
dans lequel «les praticiens doivent avoir leur mot à dire». «C'est aux gens de
terrain de cibler exactement les besoins et de participer au choix des
personnes à recruter», ajoute le SG du SPDM. «Ce n'est pas à l'administration
de décider seule de faire appel à tel professeur, de tel hôpital dans tel
pays», précise-t-il encore.
Interrogé sur les spécialités
qui restent à combler en Algérie ? Notre interlocuteur en cite plusieurs, mais
insiste particulièrement sur la chirurgie cardiaque, les spécialités liées aux
greffes d'organes, et la radiologie interventionnelle. Et qu'en est-il des
spécialistes algériens basées à l'étranger y compris chez nos voisins marocains
et tunisiens ? Pour répondre à cette question, notre interlocuteur évoque
inévitablement le problème des salaires en Algérie. «Je peux vous assurer que
les professeurs marocains touchent 4 à 5 fois le salaire de leurs homologues
algériens. Alors, s'il faut faire appel à un Algérien qui exerce au Maroc, il
va bien falloir se résoudre à lui donner l'équivalent de ce qu'il perçoit
là-bas», affirme-t-il. Selon lui, «plus du tiers des chirurgiens algériens en
pédiatrie sont installés en France et en Europe». Sans compter la migration
vers le secteur privé qui «a vidé le secteur de la santé publique de certaines
spécialités» comme la gynécologie, l'ORL et bien d'autres. Pour Nasreddine
Djidjeli, tout ce débat doit nous ramener à la question essentielle que les
syndicats de la santé publique ne cessent de poser depuis longtemps aux
pouvoirs publics. «Veut-on ou non d'un secteur de santé publique performant ?».
C'est de la réponse à cette question que découleront les politiques.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 22/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com