Si la grève des résidents dans les hôpitaux au Nord a des motivations portant essentiellement sur la suppression du service civil et la révision du statut particulier, ici au Sud, les revendications des médecins et spécialistes sont d'une autre nature et portent sur les conditions de travail qui se dégradent au fil des mois.Les médecins et spécialistes assurent qu'ils ne pouvent plus continuer à exercer leur noble métier dans des conditions insupportables qui ne leur garantissent pas le minimum de dignité et de respect. Ils ont ainsi mené, en l'espace d'une dizaine de jours, plusieurs actions de protestation à travers des rassemblements devant l'hôpital «240 lits».
Selon les multiples déclarations de ces praticiens médicaux, les griefs sont nombreux à énumérer, à commencer par le service des urgences. Au niveau de ce service, il n'existe pas de moyens pour effectuer même un bilan sanguin urgent ni de matériel médical nécessaire disponible pour un électro cardiogramme (ECG), aggravé par une pénurie répétitive de médicaments ou encore le manque de scanner indispensable pour les cas urgents évacués.
Désarmés, les médecins font face seuls aux familles des malades évacués souvent dans un état semi-comateux. Des familles qui croient, confessent ces praticiens, qu'ils refusent de les prendre en charge et qui, ensuite, les accusent d'être à l'origine de la carence. Ils ajoutent que souvent l'insécurité règne au niveau du service des urgences, appuyant leurs affirmations par l'agression récente de quatre médecins dont deux blessés grièvement.
Toujours au niveau de ce service, treize médecins au total effectuent un travail colossal, soulignent-ils, un corps médical nettement insuffisant car ce service reçoit des patients évacués par les 21 communes que compte la wilaya.
Quatre médecins originaires des régions de Bouira, de Mila, de Jijel et de Annaba ont répondu à l'appel lancé par l'hôpital de Béchar pour renforcer le staff médical, avec la promesse d'une attribution de logement mais ils sont toujours logés dans des chambres de garde exiguës au niveau du service des urgences, et ce depuis huit mois. Ces médecins, au cours des protestations, ont indiqué que plusieurs logements réservés aux praticiens de la santé publique ont été détournés au profit des cadres administratifs nommément cités.
Autre grief : le staff médical chargé de la collecte de sang pour analyse sérologique (dépistage du sida, hépatite, syphilis, etc.) est confronté au manque de réactifs pour analyse des maladies contagieuses.
Ces réactifs sont remplacés par des bandelettes non réclamées par les médecins mais mises à leur disposition par l'hôpital et qui ne sont pas fiables et représentent un danger pour le patient récepteur, soulignent-ils. Ils s'interrogent aussi sur la suspension de la nomination d'un chef de service de la pharmacie de l'hôpital qui perdure.
Devant cette situation jugée préoccupante, plusieurs médecins ont présenté une démission collective «compte tenu, clament-ils, de l'indifférence et de l'absence de réaction de la direction de l'hôpital qui refuse de prendre en charge l'ensemble de ces problèmes qui paralysent l'établissement hospitalier».
Le directeur de l'hôpital, nommé il y a un an, a déclaré que les revendications soulevées par les protestataires vont être examinées et résolues dans les prochaines semaines mais les praticiens demeurent sceptiques «tant les promesses données depuis plusieurs mois n'ont pas été tenues et pourtant sanctionnées par des procès verbaux», concluent les praticiens désabusés.
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Posté Le : 28/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Nadjah
Source : www.elwatan.com