Hommes politiques et hommes d'Etat

Tous les acteurs de la scène politique se sont subitement mis d'accord sur la nécessité de passer à une phase de transition dans la gouvernance. Pouvoir en place et opposition.De quoi s'interroger sur l'émergence de ce vocable dans le nouveau discours politique.Si l'opposition est, dans son champ d'action, de faire des propositions novatrices pour faire avancer et améliorer la méthode de gouvernance, il n'en n'est pas de même pour le pouvoir qui, en quinze ans de gestion, a plutôt été dans le sens du rétrécissement des libertés arrachées, pour la plupart, en Octobre 88. Les ouvertures annoncées dans certains domaines sont demeurées lettre morte à cause de l'absence de textes réglementaires, supports nécessaires aux diverses lois, votées à la majorité acquise, sans de véritables débats contradictoires au Parlement dont les deux Chambres sont devenues de simples guichets d'enregistrement.Toute cette accumulation de suffisance chez les uns et de dispersion chez les autres a fini par stratifier les centres de décision, en les alourdissant plutôt qu'à les dépoussiérer. Le résultat est que le système mis en place depuis cinquante ans a fini par montrer ses limites et des fissures difficiles à colmater.Cette élection du 17 avril et la surprise de ce quatrième mandat semblent donner un souffle à ces différents acteurs de la vie politique qui restent persuadés, aussi bien les uns que les autres, que le pays est en danger. Ils proposent une transition générationnelle, un mandat de transition...Cela relève du rêve tant que le pays n'aura pas adopté une feuille de route nommée "Projet de société" au lieu de sacrifier ce même pays d'errance en errance que l'on adosse à un homme providentiel qui n'est, somme toute, qu'un être humain comme les autres.Une des raisons, pour reprendre un analyste politique, c'est que l'Algérie n'a produit, à ce jour, que des hommes politiques qui ne pensent qu'à se préparer aux prochaines élections, mais pas d'hommes d'Etat (hormis le bref passage de Mohamed Boudiaf) qui, eux, pensent à préparer les autres générations. Et c'est toute la différence.O Aabrousliberte@gmail.comNomAdresse email