Algérie

HOMMES POLITIQUES ET «ANIMATEURS»



L'annonce par Abdelmalek Sellal d'une prochaine révision de la Constitution par voie référendaire n'est pas un événement. Cette révision a été annoncée et elle devait, par impératif de calendrier, se faire au cours de cette année, l'échéance de l'élection présidentielle arrivant formellement au printemps 2014. On ne sait pas qui le Premier ministre a voulu rassurer mais force est de constater qu'il n'apporte pas plus d'éléments par rapport à ce qui était connu. S'agit-il juste de faire de «l'animation» à partir de petits riens en attendant que le pouvoir se décide ' Probablement. Déjà, on commence à entendre certains demander, pour des raisons peu claires, que la révision constitutionnelle se fasse après l'élection présidentielle…
En réalité, le flou est tel que la rumeur supplante toujours l'information basique. Et cette rumeur - ou du moins une partie de cette rumeur malgré un vague démenti du ministre de l'Intérieur - laisse entendre que la présidentielle n'aura pas lieu en 2014… mais deux ans plus tard. Les échéances, en théorie fixées par un calendrier clair, deviennent floues et dépendent totalement d'un pouvoir qui n'a pas dévoilé ses intentions ou peut-être n'arrive pas à trancher. Personne, à l'heure actuelle, ne sait quelles sont les révisions qui seront apportées à la Constitution. Y aura-t-il un retour à la limitation des mandats ' Le mandat présidentiel sera-t-il porté à 7 ans ' Le Parlement aura-t-il une prise sur l'exécutif ou bien restera-t-il en l'état actuel des choses '
Il y a tant de questions qui auraient gagné à être débattues… Elles ne le sont pas en raison du sentiment, très largement répandu, que cela ne sert à rien. Et qu'en définitive le pouvoir décidera en cercle fermé, la «scène politique» servant uniquement d'ornementation et de faire-valoir. Comment faire de la politique dans ces conditions ' Un journal a cru bon interpeller nommément des présidentiables potentiels pour se prononcer sur les scandales de la corruption. Mais l'interpellation est-elle justifiée quand la scène factice devient un lieu de déversoir de paroles sans aucune incidence et sans le moindre écho ' Il y a toujours en Algérie, malgré la multitude de partis politiques qu'on injecte de manière opportuniste à la veille des échéances, une impossibilité fondamentale de la politique. Certains essayent de le faire et on constate bien que s'ils ont des programmes et des idées, ils n'arrivent pas à les présenter, ils en sont toujours à essayer de défendre les préalables élémentaires d'une vraie vie publique : liberté de s'organiser, de se rassembler, de s'exprimer, accès aux médias audiovisuels de manière régulière et continue… Et bien entendu, ils en sont toujours à constater que les institutions ne sont que formelles…
Aujourd'hui, on a beau annoncer que la Constitution va être révisée par voie référendaire, on est dans l'abstraction la plus totale. Il n'y a pas de débat sur cette Constitution car le pouvoir ne cherche pas à en faire un objet de débat. Il est dans la technique de «l'ouverture» ad hoc à quelques semaines du scrutin… qui bien entendu est totalement biaisé. C'est dans l'ordre des choses d'un système fermé. Les journalistes sont souvent agacés du «silence» des hommes politiques et sortent leurs plumes pour les étriller. Ils devraient pourtant être davantage scandalisés par le fait que le système en place ne reconnaît pas les hommes et les femmes politiques. Il ne reconnaît que des «animateurs» d'une scène balisée et sans surprise. C'est comme pour le FLN… Ceux qui ne «supportent pas» Belkhadem aimeront peut-être Saïdani…


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