Algérie

Hommage : Jo, mon frère, mon ami,



Il n'est pas mort Jo. Les poètes ne meurent pas. Ils s'éclipsent comme le font les astres ou les destins, juste pour une éternité sabbatique. Jo ne nous fait pas le coup de celui qui, théâtralement tire sa révérence sous les tumultes et attend les rappels pour ameuter les grâces, les indulgences, voire les amnisties. Il quitte la scène au milieu de la nuit, profitant d'une extinction provisoire des feux de la rampe, spoliant ceux qui l'aiment des cérémonies d'adieu qui apostillent l'inévitable ambiguïté des comportements humains. Travestir la mort c'est trahir la vie, nous dit Youssef Chahine dans ses derniers soupirs, ses ultimes gémissements, nous fournissant comme à son habitude l'occasion d'écouter, d'interpréter ses silences.Il aurait probablement dit quelque chose si on l'avait imploré. Il l'aurait dit entre sourire et délectation, caresses et coups de griffe, n'évitant jamais les précautions oratoires. Peut-être aurait-il notifié ' et soudain tout flambe ' que pour lui l'entreprise d'écrire, de dire, de filmer est l'aventure à fonds perdus des hommes au geste entravé mais au verbe libre. Il l'aurait dit dans plusieurs langues (dont une qu'il a inventée : le franglarabe) qu'il rendait supportable, comme s'il s'ingéniait à recoller les mêmes morceaux d'un vase brisé. Jo, tu seras toujours là, dans un coin de notre c'ur.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)