Algérie

HOMMAGE Chérif Khedam : une reconnaissance tardive mais méritée



HOMMAGE Chérif Khedam : une reconnaissance tardive mais méritée
Chérif Kheddam a eu droit à un adieu magistral, une sorte de standing ovation postmortem digne du maestro qu'il était.
L'hommage plébéien et populaire suscité par ses obsèques et dont on a souvenance que seuls deux grands noms de la culture comme Tahar Djaout et Mouloud Mammeri en ont bénéficié, confirme une consécration acquise de son vivant mais scellée par sa disparition. Son âme qui est montée aux cieux a comme libéré une aura et un génie longtemps contenus par l'inclination quasi naturelle à la modestie et la rectitude morale comme l'ont souligné les proches et les amis de l'homme. L'artiste pétri aux valeurs du terroir qui l'a vu naître et qu'il a tant célébré dans ses chansons a chanté et enchanté son auditoire durant près d'un demi-`siècle d'une carrière florissante, d'un répertoire riche où se retrouve l'amour, la beauté de la femme, l'attachement à la terre natale et à la patrie ; la misère sociale l'exil… on peut dérouler, à l'envi la trame d'une œuvre et d'un recueil de textes chantés dont on peut, hélas, aujourd'hui, faire l'inventaire mais légué à la postérité.
Un destin fabuleux mais singulier
Chanteur, compositeur, interprète, découvreur de talents et formateur, Chérif Kheddam a été un véritable homme orchestre. Une carrière artistique forgée à force d'abnégation et de labeur et à laquelle il n'était pas destiné auparavant. La profession d'imam à laquelle le destinait son père, en l'envoyant, dès l'âge de dix ans, dans une école coranique dans la région de Tazmalt, ne pouvait étouffer l'artiste qui sommeillait en lui. Une vocation, sans doute, nimbée du romantisme de jeunesse qui devait animer tout adolescent comme lui s'éveillant à la vie, à éclore et qu'il va entretenir et développer parallèlement à une situation d'ouvrier spécialisé dans une usine dans la région parisienne, en France. La passion dévorante de l'art et la soif d'apprendre et de se perfectionner pousseront Chérif Kheddam à s'attacher les services d'un professeur Lamy auprès de qui il a appris l'harmonie et le solfège. La fréquentation du milieu artistique de l'immigration maghrébine et sa rencontre avec le grand musicien et chanteur tunisien Al Djamoussi achèveront de parfaire un apprentissage adossé à un don, une sorte de prédestination et de don naturel à l'art du chant, témoignera son cousin Tayeb. Une expérience nourrie aux influences occidentales et orientales qui marqueront ses compositions et créations musicales. Un engagement humaniste et intellectuel. Un travail consacré à la prospection et à la formation de nouveaux talents qui seront, par la suite, des artistes et des chanteurs consacrés et reconnus. Une forme d'altruisme et de don de soi dont témoignera son cousin Belkacem et qui est à la base, selon lui, de «l'engagement humaniste et intellectuel» de Chérif Kheddam qui, tout en sublimant la beauté de la femme, était pour l'émancipation de cette dernière. Beaucoup d'autres thèmes chantés par lui-même ou qu'il a composés et interprétés par d'autres, notamment, la chanteuse Nouara, témoignent des positions modernistes de Chérif Kheddam. Une vision du monde formée d'un savant dosage des valeurs ancestrales et des idées avant-gardistes qui s'est beaucoup nourrie, témoignenton encore, de son passé de militant actif au sein de la Fédération de France du FLN, durant la guerre d'indépendance.


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