Le village Ichréouane, dans la commune de Tizi Rached, en collaboration avec les autorités locales, a rendu, hier, un vibrant hommage aux 13 martyrs fusillés du 17 Mars 1956 dont le nouveau lycée de la localité portera désormais le nom.Lors de cette cérémonie du baptême organisée, hier, à l'occasion du 65e anniversaire de cet épisode de la Révolution, qui a marqué au fer rouge la mémoire locale, plusieurs anciens maquisards sont venus témoigner sur les circonstances de la liquidation de ces 13 martyrs qui sont longtemps restés des oubliés de l'histoire. "À l'aube de cette journée du 17 Mars 1956, toute la région de Tizi Rached, fief du militantisme hérité d'Ali Laïmeche, a été encerclée par les troupes de l'armée coloniale qui ont déclenché une opération de ratissage qui s'est soldée par l'arrestation de plus de 200 personnes dont 13 ont été fusillées.
Huit d'entre elles ont été fusillées sur place, et cinq autres ont été conduites vers le camp militaire de Taboukert où elles ont subi les pires atrocités avant d'être exécutées, et leurs corps jetés dans la rue", a rappelé un des anciens témoins de l'époque qui a précisé que leur liquidation a été perpétrée par le lieutenant Dupuis qui agissait sous les ordres du général Eliot, stationné dans la région de Tizi Ouzou. "Cette lâche exécution sans jugement a eu lieu cinq jours après l'adoption, le 12 mars 1956, de la loi sur les pouvoirs spéciaux par le Parlement français et donc par la France officielle, membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU et signataire de la Convention de Genève, mère des droits de l'Homme", a rappelé un ancien maquisard soulignant que les 13 martyrs n'étaient autres que d'anciens compagnons d'Ali Laïmèche et de Hocine Aït Ahmed qui ont constitué l'un des premiers noyaux qui ont fait monter la mayonnaise du nationalisme en Algérie. "Cette journée du 17 Mars 1956 est l'un des moments les plus marquants de la guerre de Libération dans la région de Tizi Rached où la France coloniale voulait visiblement lancer un avertissement à tous ceux qu'elle considérait comme des fauteurs de troubles qui perturberaient la 'Grande France'. Ces 13 assassinats n'étaient, au final, que le prélude à des massacres plus importants à travers toute l'Algérie martyre", a ajouté l'orateur.
Selon un des intervenants, ces 13 martyrs ont vécu un véritable supplice au point même que leurs ongles leur ont été arrachés et, a-t-il ajouté, des broches ont été plantées dans leurs mains. "Si je raconte cela, c'est pour que la génération actuelle prenne connaissance des sacrifices de la génération de la guerre", a-t-il déclaré. Mais, faut-il le rappeler, si l'Algérie a fini par accéder à son indépendance, la pratique de la torture, elle, subsiste toujours comme ce fut le cas, récemment, dans l'affaire de Walid Nekkiche.
Samir LESLOUS
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Posté Le : 25/03/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir LESLOUS
Source : www.liberte-algerie.com