Par Omar Zemirli,
supporter de la JSK
Une foule impressionnante a accompagné à sa dernière demeure l'ex-footballeur de la JSK Rezki Koufi le vendredi 28 novembre 2021 après la prière de El Assar.
Il a été enterré au carré familial du cimetière Mdouha, il a été rejoindre son père, sa mère et ses trois frères aînés footballeurs.
Toutes les franches de la société civile étaient présentes pour rendre un dernier hommage à celui qui fut l'enfant prodige de la famille, le petit camarade timide de l'école maternelle, l'élève discret de l'école primaire Jeanmaire, le camarade attachant du collège Mouloud-Feraoun, l'ami fidèle dans ses relations et qui fut l'idole de plusieurs générations de millions de supporters de toute la Kabylie, de tout le territoire national et de l'étranger.
Rezki Koufi est né le 16 janvier 1949 au quartier Lala-Saïda, le plus ancien quartier de la haute-ville de Tizi Ouzou où sont nés la majorité des joueurs qui allaient constituer le noyau principal de la JSK, le quartier emblématique Lala-Saïda.
L'ancêtre de la JSK trouve son origine au sein des jeunes des différents quartiers de la haute-ville de Tizi Ouzou où chaque quartier avait une modeste équipe. Un mini-championnat interquartier se déroulait avant la constitution de la première équipe officielle le RCTO (Racing Club de Tizi Ouzou), créé en 1929 qui fut dissoute 3 années après. «Les 5 frères Koufi avaient le football dans la sang. » Ils avaient de qui tenir, plusieurs de leurs parents faisaient partie de cette équipe le RCTO, ancêtre de la JSK. Pour rappel, la JSK fut créée l'année 1946. En cette année, leur oncle maternel Ali Korogli faisait partie de la première équipe de la JSK. Il aurait transmis à ses 6 neveux, Korogli Mohamed, ses 5 neveux Koufi, Mohamed, Saïd, Rabah, Ali et Rezki l'esprit du sacrifice physique, l'amour pour le sport et la passion pour le football. Rezki avait à sa naissance comme« fétiche» le ballon. «Il a connu le ballon avant même de se tenir debout et apprendre à marcher. » Ses grands frères, dont trois furent de grands joueurs pendant plusieurs années, un seul Ali a joué au poste de goal à la section junior. La famille Koufi a été la seule a voir évoluer 5 de ses fils à la JSK depuis sa création en 1946 jusqu'au milieu des années soixante-dix.
Rezki fut le 5e et dernier frère qui fut l'une des gloires de la JSK post-indépendance. Il a laissé ses empreintes indélébiles sur les terrains de football où il a joué. Il a gravé dans nos mémoires les nombreux buts qu'il a marqués.
L'aîné des frères de Rezki, Mohamed, fut un grand joueur avant le déclenchement de la révolution et les deux années qui ont suivi. Le devoir national a brusquement arrêté sa carrière, il rejoignit le maquis à l'appel du FLN pour le sacrifice suprême. Il tomba au champ d'honneur en compagnie de nombreux joueurs de la JSK.
Mohamed jouait en compagnie de ses deux frères Saïd et Rabah. À eux trois ils constituaient les piliers de la JSK.
Une photo prise lors du dernier match de la JSK l'année 1956 immortalisa la présence des 3 frères Koufi avant la dissolution de toutes les équipes autochtones sur tout le territoire national.
Les deux frères Saïd et Rabah ont repris le flambeau les deux saisons qui ont suivi l'indépendance. Rezki évoluait alors dans la catégorie minime. À la saison 1965/1966, Rezki fut remarqué par son entraîneur et alors n'étant que cadet de deuxième année, il fut aligné en senior pour le deuxième match contre l'OMSE à Saint-Eugène le 26 septembre 1965. Il était le plus jeune joueur à évoluer en sénior, il n'avait que 16 ans. «Pour son coup d'essai, ce fut un coup de maître», il inscrivit les deux buts de la victoire. Ce fut pour lui le début d'une riche carrière, pleine de succès, de réussites et de gloire. Ce fut pour nous, ses camarades, un bonheur d'avoir un très jeune et grand joueur dans notre classe, c'était l'année scolaire 1965/1966, nous étions en classe de 4e au CEG Mouloud-Feraoun. Rapidement, il s'imposa par sa carrure d'athlète, son style de jeu parfait. Il était assidu dans ses entraînements, sérieux dans son travail, il incarnait la simplicité, la modestie, la discrétion.
Sur les terrains, comme avant-centre, il fut le «gentil bourreau» des gardiens de but des équipes adverses. Il marqua des buts de plusieurs et belles manières, dans toutes les positions et en toutes circonstances après un ou plusieurs dribbles, de près ou de loin, sur coup franc, sur penalty, du pied droit, du pied gauche. Mais voilà que notre idole Rezki n'a, au cours de toute sa carrière, jamais marqué de but avec sa tête. À la question « pourquoi tu n'as jamais marqué avec la tête, évoquée par un parent, camarade et ami depuis leur tendre enfance en la personne d'un des Omar Zemirli, la réponse était toute simple et pertinente : « La tête est faite pour réfléchir, on marque avec ses pieds. » À son enterrement, plusieurs intervenants ont évoqué les qualités de Rezki. Les témoignages les plus touchants furent ceux de ses fils et en particulier celui de son petit-fils en kabyle châtié ; il a fait l'éloge poignant à son grand père «qu'il aimait tant et qui allait lui manquer». Ne dit-on pas que «la vérité sort de la bouche des enfants» ' Rezki, pendant une décennie, de l'année 1965 jusqu'à la saison 1975, a apporté le bonheur à la JSK et à tous ses supporters. Il fut pour nous «l'ange du bonheur» . Il a permis à la JSK de prendre son envol vers d'autres horizons pour plusieurs succès et plusieurs titres, auxquels les frères Khalef ont grandement contribué. Elle sera l'équipe la plus titrée à l'échelle nationale, au Maghreb, dans le monde arabe, au niveau continental africain. Sa renommée sera mondiale, appréciée et aimée, adulée par sa diaspora composée de millions de fans des quatre coins du monde.
La saison 1967 /1968, Rezki a marqué un but qui restera gravé en « lettres d'or », qui a permis à la JSK d'accéder en 1re division. Ce fut le 21 avril 1968 dans un stade plein à craquer. Après un long suspense marqué par un stress glacial et une angoisse envahissante, Rezki, « sur une passe de Mustapha Rafaï, à la 85e minute, marqua un but des 6 mètres contre le WAB (Widad athlétique de Boufarik) », dauphin au classement et« bête noire» de la JSK. Ce fut l'explosion de joie dans les tribunes. Brusquement, la sérénité prenait place à la peur. Ce fut un match inoubliable, un souvenir ineffaçable, des moments de bonheur mémorables.
Dix années après son début très précoce, Rezki, le fidèle de la JSK, le jeune international de l'équipe nationale, à l'âge de 26 ans, ne reprendra pas la nouvelle saison 1975/1976. Il mit fin à sa carrière. «Il préfère s'effacer sans faire de vagues», il s'est retiré discrètement comme il l'a toujours été, refusant de jouer dans d'autres clubs algérois, malgré des offres alléchantes. Il a joué toute sa vie à la JSK. Il ne pouvait accepter de se rallier ou supporter un autre club. Il est resté joueur, puis supporter fidèle de la JSK jusqu'à la fin de sa vie.
Rezki, « l'ange du bonheur », est monté au ciel. Le nom de Rezki Koufi restera à tout jamais gravé dans la mémoire collective des membres de sa famille, de ses amis et tous ceux qui l'ont connu, apprécié et aimé. Que tous ceux qui l'aiment présentent à sa famille leurs sincères condoléances et aient une pensée pour Rezki Koufi. Que Dieu l'accueille en Son Vaste Paradis.
O. Z.
Bibliographie :
Témoignages d'amis et proches, souvenirs personnels.
Livre de l'auteur, joueur de la JSK et international Mustapha Rafai : La JSK, Itinéraire, de la création à la réforme sportive, ouvrage à lire et à conseiller pour tous ceux qui aiment la JSK.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/01/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R S
Source : www.lesoirdalgerie.com