Annick Pailler est décédée ce mois de septembre en Bretagne.
Elle fait partie de ces grandes âmes qui ont rejeté la colonisation et apporté leur soutien actif à la liberté des peuples.
Elle devrait être honorée en tant que moudjahida, car depuis son arrivée en Algérie dans les années 1950, elle n’a pas cessé de mêler à tous ses engagements l’Algérie, son peuple et les multiples défis de l’histoire algérienne.
Dans les Aurès, à Babar, alors qu’elle arrivait de France avec son époux André Mourad Castel, elle s’opposait aux exactions et à l’injustice auxquelles s’adonnaient les partisans de l’ordre colonial.
Son mari, muté de la métropole, a rejoint Babar pour y enseigner, alors qu’Annick s’occupait de sa fille Martine encore bébé. Sa vie bascula, car la guerre commença à la même période.
Annick Pailler n’a jamais oublié le bruit des armes qui résonnait dans les montagnes aurésiennes le 1er Novembre 1954. Elle comprit que la révolte était justifiée. La misère à Babar révoltait Annick. La sympathie du couple Castel pour les gens de Babar et leur hostilité aux méthodes coloniales ont eu pour résultat de se faire expulser vers Alger par les autorités.
A Alger, leur sympathie se transforme en militantisme pour l’indépendance. Ce qui vaudra à Annick son arrestation par les parachutistes et un viol dont elle parla pour la première fois, dans les années 1990, lors d’une émission télévisée produite par ARTE.
Son époux fut également arrêté et passa de longues années dans les prisons d’Alger.
Annick n’a jamais abdiqué et resta, malgré son retour en France, très attachée à l’Algérie. Jusqu’à ses derniers jours, en dépit des distances géographiques, Annick a toujours porté l’Algérie dans son cœur et son esprit.
Aujourd’hui, son nom est inscrit sur les tablettes historiques portant le sceau des Justes. Amie de l’Algérie, elle est partie sans jamais demander une quelconque reconnaissance pour son attachement à ce pays.
De sa lutte pour la liberté et la justice, avec humilité, elle considérait que «cette attitude progressiste auprès du peuple algérien était de l’ordre du normal et de l’humain.»
Grande dame, elle nous a quittés sans revoir, depuis les années 1980, l’Algérie qu’elle aimait tant !
Lila Briki
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Posté Le : 18/09/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Lila Briki
Source : El Watan.com du dimanche 18 septembre 2011