Algérie

Hommage à la virtuose du piano Salima Madini



Après six soirées bien pleines, les lampions du Festivalgérie 2017 se sont éteints, avant-hier, en présence de mélomanes avertis.C'est vers 21h que la soirée a été étrennée par un concert démonstratif des élèves des master class, sous la direction de Khalil Baba Ahmed.
Pour rappel, en marge du festival, le commissariat a organisé au profit des jeunes musiciens-venus de l'ensemble du territoire national- des master class pour se perfectionner dans l'art de manier leurs instruments de musique : la kouitra, le luth, le violon et le r'bab. Ainsi, les 44 candidats se sont regroupés en un seul orchestre pour présenter un programme préalablement répété avec les quatre formateurs, appuyés par cinq musiciens de l'Opéra Boualem Bessaïeh.
Dans un jeu des plus justes, les musiciens ont offert à l'assistance un programme andalou mixte, surfant entre les trois écoles : une touchia Sika d'Alger, touchia El Kamel, de Tlemcen, et un benchraf H'Cine, de Constantine. Cette représentation démonstrative réussie a été suivie par la prestation du duo Mélodies du désert, de Béchar.
Les deux comparses, Smahi Ramdane, au oud, et Ghouti Hedjira, à la percussion, ont puisé dans le répertoire du chanteur Alla, notamment dans le genre foundou, pour offrir une balade enchanteresse à travers les contrées du Sud algérien. Place ensuite à l'ensemble Aftab du Pakistan. Habillés de tenues traditionnelles, les cinq musiciens, assis à même le sol, commencent par taquiner leurs instruments musicaux, pour ensuite s'adonner à un programme des plus spirituels.
Ces musiciens voyageurs, composés des trois frères pakistanais Mushtar, Shuaïb Hubaïb et Behlole, de l'Algéro-Libanais Zakar Fady, et du Franco-Grec Ioannis Rasaras, ont enivré le public de sublimes chants sacrés du Qawwali et de chants populaires, Tappa et Mahya.
La quatrième partie de la soirée a été consacrée à un hommage rendu à la doyenne des artistes et professeurs, Salima Madini. Cette virtuose du piano et présidente de l'association andalouse Essendoussia d'Alger s'est vu remettre des mains du ministre de la Culture un diplôme honorifique, un trophée du festival, ainsi qu'un bouquet de fleurs. La surprise de la soirée fut incontestablement ce duo entre Salima Madini et sa fille Lamia Madini, qui n'est plus à présenter.
Avec le talent qu'on lui connaît, la maman a reconquis le piano pour s'adonner aux notes spécifiques d'un extrait d'un Inkilab Mezmoum, rehaussé par la voix cristalline de Lamia. Des salves d'applaudissements et des youyous s'en sont suivis. Rencontrée en aparté, Salima Madini s'est dite très heureuse de recevoir un tel hommage, après celui rendu le 30 novembre dernier au Palais de la culture de Kouba à Alger.
«Je suis, dit-elle d'une voix étouffée par l'émotion, très heureuse de recevoir une telle distinction bien qu'on m'ait oubliée pendant des années, alors que je suis la doyenne des professeurs du Conservatoire d'Alger. J'ai commencé en qualité d'élève en 1949, et tout ce monde présent n'était pas encore né. Par le passé, plusieurs hommes et femmes de culture ont été honorés, mais pas moi.
Ceci étant, après cinquante ans de musique, je suis heureuse qu'on ait pensé à moi aujourd'hui. Je remercie infiniment le ministre de la Culture et le commissariat du festival d'avoir pensé à moi». La soirée s'est refermée par l'imposant Ensemble national andalou de l'Opéra d'Alger, sous la houlette du chef d'orchestre constantinois Samir Boukredera. Cet Ensemble est composé de musiciens issus des trois écoles, à savoir El Gharnati, de Tlemcen, Es- Sanâa, d'Alger et le Malouf, de Constantine.
L'exercice débute par un bechraf mezmoum, suivi par plusieurs pièces musicales, dont, entre autres, El qelb bat sali, Mel hbibi malou, Men hwa rouhi ou rahti, Kadiriet, M'cheghel et Billahi ya hamami, le tout excellemment interprété tour à tour par Lamia Madini, Khalil Baba Ahmed, El Hadi Sefraoui, Fateh Rouana et Malek Chelloug. Il est à noter, par ailleurs, que d'autres hommages ont été rendus aux défunts artistes Cheikh Mohamed Bahar, Cheikh Mustapha Belkhodja, Zouaoui Fergani et Mustapha Kasdali. En outre, la promotion des master class 2017 du festival a été baptisée des noms de ces icônes de la musique algérienne.


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