Algérie

Hommage à la «res publica»



Hommage à la «res publica»
L'Algérie a perdu plusieurs de ses dirigeants et de ses grands hommes et femmes ces dernières années. En cette année de la célébration du cinquantenaire du recouvrement de la liberté, les Algériens ont accompagné à leur dernière demeure deux de leurs anciens chefs de l'Etat. Des hommages multiples ont été rendus à ceux qui ont eu en main, à des moments charnières de la vie de la République, le destin d'un pays et d'un peuple. Dans ces occasions douloureuses pour les familles des défunts, des Algériens ont eu l'occasion de se réconcilier avec ceux qui les ont dirigés, parfois d'une main de fer et d'autres fois en étant populiste.Les Hommes s'en vont et les institutions restent. La longue Histoire de l'Algérie, du royaume Numide à nos jours, a vu bien de valeureux hommes et femmes périr pour la gloire, l'honneur et la liberté. Combien d'hommes et de femmes ont sacrifié leurs vies pour que l'Algérie soit libre ' Combien d'hommes et de femmes se sont sacrifiés pour que les toutes nouvelles institutions de la jeune Radp puissent fonctionner ' Combien parmi les braves ont donné leurs vies pour que la République ne soit pas emportée par le rêve fou d'autres Algériens de la dissoudre dans une Ouma qui n'existe pas 'L'hommage mérité que reçoivent Chaulet et Chadli, ne doit pas nous faire oublier que l'Histoire de notre pays est faite de lutte et de combat. Les ennemis et adversaires d'hier et d'aujourd'hui doivent nécessairement se réconcilier pour que la sérénité revienne dans le débat et le choix d'institutions pérennes qui survivent aux hommes, comme le voulait Houari Boumediène. Cette réconciliation entamée par Abdelaziz Bouteflika, qui a réhabilité Messali Hadj, Krim Belkacem et tant d'autres, doit pouvoir être une réalité tangible entre tous les Algériens. Une réconciliation des historiques entre eux, des moudjahidine qui furent frères de combat et se divisèrent quand à l'orientation à donner à l'Etat, entre détenteurs du pouvoir et leurs opposants, qui souvent ont connu les affres de la prison pour leurs idées. Il y a tant de réconciliations différentes à faire. Il y a tant d'hommage à rendre. Il y a une Histoire, avec toutes ses vicissitudes, à écrire. Tant à faire, pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus. Les Algériens avaient découvert Boudiaf alors qu'il fut l'un des artisans de la révolution de Novembre. D'autres émettent des doutes sur le rôle de tel ou tel. La haine des autres qui s'installe tout doucement, nous éloigne des vrais enjeux de la construction d'une «res publica».A chaque Algérien, l'hommage qu'il mérite ! Ils sont si nombreux ceux et celles qui s'éteignent dans l'anonymat alors que leur parcours, leur action et leur honnêteté ont permis à l'Algérie d'être ce qu'elle est aujourd'hui. Dich Amina, Tounsi Aziza, Boudaoud Kheira, Bouteraa Rachida, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Fliou M'hamdia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheira, Bouali Hanafi Sahnounia et Saber El H'bib, institutrices dans une école à Telagh (Sidi bel Abbés), ont été assassinées un 27 septembre 1997 pour que l'école, et donc l'Etat, puisse vivre. La République algérienne doit rendre hommage à toutes celles et ceux qui l'ont servie d'une façon ou d'une autre. Qu'ils aient connu les fastes du pouvoir ou qu'ils aient travaillé avec abnégation pour que d'autres puissent jouir de la liberté. Ces hommages doivent être retranscrits d'une encre indélébile dans une Constitution qui fait de la République un bien commun que nul ne puisse modifier. Elle devra également, en hommage à tous les militants morts ou emprisonnés, faire de la démocratie et des élections le seul moyen légitime d'accéder au pouvoir. La révision constitutionnelle annoncée doit être l'occasion d'une réconciliation réelle entre Algériens et faire l'objet d'un consensus plus large. Les luttes de pouvoir de Ben Bella, Boudiaf, Bouteflika, Boumediène, Chadli et tant d'autres se transforment en hommage avec le temps. La réalité historique est parfois tronquée. Les bilans sont rarement faits. Le temps apaise la douleur et réduit les haines. Les Algériens ont besoin de se réconcilier avec eux-mêmes et avec leur Etat. Alors rendons hommage à la «res publica», ce bien commun qui s'appelle l'Algérie.
A. E.


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