Algérie

Hommage à l'ami de toujours, Belkacem Azzout



En cette commémoration du 40ème jour de notre défunt ami Belkacem Azzout, comment ne pas s'associer aux Professeurs Chitour et Toualbi qui, chacun à sa manière, auront rendu un vibrant hommage à notre cher disparu.

C'est vrai, comme disait le Pr Chitour, qu'à bien des égards, Belkacem était cet intellectuel au franc-parler, non sans cette pointe d'humour bien mascarienne, comme pour ne pas déroger à la règle, marque d'origine et label des gens de ce terroir prestigieux de la plaine de Ghriss et des monts des Béni Chougrane. Il était aussi, de l'aveu du Pr Toualbi, cet homme et ce commis de l'Etat aux qualités professionnelles et humaines sans commune mesure avec la modestie de l'image qu'il aimait offrir de lui-même. Il fut pourtant un habile architecte de projets prestigieux à la faveur de ses fonctions de directeur de l'Institut national agronomique, de Secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de Président de l'Académie d'Alger et de membre actif de la Commission Benzaghou sur la réforme de l'éducation.

Belkacem Azzout est de ceux qui méritent d'être portés au panthéon des cadres intègres de la nation, ceux qui ont servi leur pays avec abnégation, sans se soucier de l'appel des sirènes outre-mer, des dividendes et des privilèges que procure la position au plus haut sommet de l'Etat.          Il est mort dans la solitude d'un modeste appartement qui sied mal au statut de grand commis de l'Etat qu'il était. Il est parti comme il a toujours vécu, c'est-à-dire dans la simplicité, en cadre intègre, respectueux de la chose publique.

L'itinéraire de cet ami cher épouse l'histoire mouvementée de cette Algérie qui, dans ses phases successives d'après-indépendance, a connu la gloire de l'édification de l'Etat-Nation des années 70, la régression des années 80, la barbarie des années 90 et la prospérité des années 2000. En digne héritier de ses parents, Mustapha Stambouli, ce grand militant de la cause algérienne, ministre dans le GPRA, de Abdelkader Safir, père du journalisme algérien, de cheikh El-Khaldi, ce chantre dont il appréciait la poésie du terroir et de bien d'autres illustres personnages qu'a enfantés la ville de l'Emir, Belkacem Azzout aura été de tous les rendez-vous de cette Algérie moderne qui panse aujourd'hui ses plaies et ses blessures. N'est-ce pas l'Emir Abdelkader qui disait à juste titre : « Ne demandez jamais quelle est l'origine d'un homme. Interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est ».

Belkacem est cet homme qui a tout d'abord participé activement à l'édification de l'université algérienne, à la défense des centres du savoir durant les années de braise, où il n'était pas bon de s'afficher. Il aura été par la suite cet émissaire fervent défenseur de la langue arabe et de l'image de l'Algérie dans le pays de Voltaire, en dépit d'un coeur fatigué qui a fini par le lâcher, dans l'exercice de la lourde mission qui lui était confiée. Dans son séjour parisien, Belkacem était attentif aux pulsations de notre société, toujours en quête de nouvelles à travers le tour d'horizon régulier qu'il aimait faire auprès de ses amis, comme pour ne pas prendre de retard sur les évènements de cette Algérie qu'il aimait tant et chérissait, au point de négliger sa santé. Charles-De-Gaulle et Orly lui étaient familiers, parce que toujours disponible pour accueillir et assister dans leurs démarches auprès des établissements hospitaliers, ces nombreux malades en séjour à Paris. Sans que cela soit une obligation préalablement négociée dans le cadre de l'exercice d'une fonction, cette attitude de noblesse est celle d'un homme de coeur, sensible à la douleur d'autrui et respectueux de la dignité de ses compatriotes.

Cette disponibilité au service des autres était chez notre ami une constante inébranlable que rien ne saurait ternir. N'a-t-il pas été à l'INA un exemple d'humanisme lorsqu'il s'est battu pour faire admettre la compétence et le savoir de cet auxiliaire en botanique qu'était feu Beloued, longtemps ignoré par une fonction publique qui n'a pas su trouver la solution appropriée pour reconnaître le talent de cet autodidacte, bien qu'il fût apprécié par ces nombreux savants qu'il avait côtoyés, tels les professeurs Dubuis et Somon de cette honorable institution qu'est la Sorbonne.

C'est auprès des humbles et des petites gens, dont il savait décrypter la déchéance, qu'il était le plus à l'aise, notre ami. Il était leur psy et leur réconfort. Il mettait souvent la main à la poche pour alléger leur souffrance et atténuer leur détresse. Belkacem Azzout est aussi ce pédagogue hors pair qui a su faire de son cours de biochimie un moment de plaisir et un centre d'intérêt pour ses étudiants qui aimaient à écouter cette voix tout à la fois douce et rocailleuse qui berce l'esprit, entretient l'espoir et rassure l'auditeur qui prend progressivement conscience de la justesse du timbre et de la compétence de l'émetteur qui dispense le savoir. Il était la coqueluche de tout le corps enseignant de l'INA, qui a su en apprécier le talent et regretter son départ, quand il fut appelé à d'autres fonctions.

Même s'il n'a pas tout à fait réussi à faire à lui seul le printemps de cette honorable institution, à l'instar de cette hirondelle esseulée, il a tout de même indiqué la voie qui mène au progrès, à la reconnaissance et à la prospérité. Il est aussi ce biotechnologue qui s'est battu avec beaucoup de détermination pour frayer une voie à cette discipline de l'avenir. L'on peut même dire qu'il a été précurseur en la matière, et mérite que son nom soit porté au fronton du Centre de recherches de biotechnologie de l'université de Constantine tout au moins. C'est là certainement un minimum de considération et de reconnaissance pour l'engagement de ce grand commis de l'Etat qui a, tout au long de sa carrière, livré un combat perpétuel dans sa quête de l'excellence, au service de la notoriété de notre système de formation supérieur et de recherche.

Belkacem Azzout était un scientifique et un intellectuel totalement engagé, dont les responsabilités successives ne sauraient être minimisées. Il faisait partie de cette avant-garde d'intellectuels démocrates et progressistes qui ont tenté de créer dans notre pays un courant de renaissance culturelle et d'éclosion scientifique à hauteur d'une société qui aspire au progrès et à la prospérité partagée. Il faisait partie de ces hommes et de ses femmes qui ont essayé de tirer notre pays par le haut, à hauteur de ceux dits développés et civilisés, qui ont su miser sur le savoir et la connaissance en tant que domaines incontournables pour la prospérité de leurs sociétés.

Sans avertir, comme pour ne pas incommoder son entourage et ses amis, il s'en est allé rejoindre ses compagnons avec lesquels il avait partagé des moments de douleur et de gloire. Il s'en est allé rejoindre Youcef Sebti, dont il appréciait la poésie engagée, Salah Djebaïli, dont il admirait la fougue et l'esprit combatif au service de la science et du prestige de notre université, Aïssa Khadidja, cette généticienne émérite dont les travaux de recherches nourrissaient l'espoir d'une meilleure productivité de nos céréales, Fadéla Khelil, mon épouse, qui, elle aussi à sa manière, aura participé à la formation de générations entières d'étudiants dans les domaines pointus de la microbiologie, de la pathologie et de la biologie moléculaire, Salim Benamara le physiologiste, Ali Issolah l'hydraulicien, Harbi Rabah le zootechnicien, Abdelkader Benrebiha le pastoraliste et Mahmoud Bekkouche l'économiste. Ils étaient tous totalement engagés dans le combat de la sécurité alimentaire au service d'une agriculture prospère. Il s'en est allé notre ami rejoindre Lyabès et Boukhobza, ces stratèges qui scrutaient l'horizon et l'avenir de l'Algérie de demain et bien d'autres illustres cadres de la Nation dont la vie a été abrégée par la barbarie des années 90, pour avoir été tout simplement au service d'un pays qu'ils aimaient et chérissaient et auprès de leur société qui avait tant besoin de leur talent, de leur génie et de leur savoir.

C'est cet aréopage d'illustres scientifiques, hommes et femmes de talent et de mérite, qu'a rejoint notre ami Belkacem Azzout. Il doit être bien heureux de se retrouver parmi les siens, parmi ces cadres intègres qui étaient tout l'espoir de cette nation. Leur perte est, sans aucun doute, un lourd préjudice pour la jeunesse d'aujourd'hui et les générations futures. Et tel l'artiste qui tire sa dernière révérence à son public, Belkacem s'en est allé faire un dernier tour à l'INA, à la veille de sa mort. Repose en paix l'artiste, toi qui nous a toujours étonnés.






bonjour svp c'est urgent je cherche à contacter la famille du défunt Azzout Belkacem n'y aurait il pas un numéro ou une adresse pour que je puisse me rapprocher d'eux. Merci infiniment de votre support Loubna Rouabah
loubna rouabah - cadre commerciale - alger, Algérie

18/04/2013 - 91470

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