La mémoire du chanteur kabyle, cheikh Arab Bouizegarene, a été honorée les 26 et 27 octobre, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou par le Comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya en collaboration avec MAS production.
A cette occasion, une exposition de photographies de cheikh Arab Bouizegarene ainsi que différents articles de presse ont été mis à la disposition des visiteurs. L'exposition relate la vie de cette figure emblématique de la chanson kabyle, ponctuée par une conférence animée par le linguiste Abdenour Abdeslam, qui a tenté de retracer la vie de l'artiste, en précisant que «les éléments sur la vie du cheikh sont insuffisants». Le conférencier a parlé encore des 'uvres du cheikh qui «ne sont pas nombreuses (une dizaine), mais qui ont beaucoup donné à la chanson kabyle et algérienne. Elles pèsent lourd sur la balance de l'art». Cheikh Arab Bouizegarene est né le 27 mai 1917 à Djemaâ Saharidj, commune de Mekla, où il a passé sa jeunesse, marquée par la misère régnante alors dans les régions montagneuses de Kabylie.
Afin de braver la misère et les tabous, car «chanter en Kabylie était un interdit», il ira à Alger en 1942 où il fera partie de la troupe du grand maître El Hadj M'hamed El Anka, avec qui il avait lié amitié. Il émigre ensuite en France, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, où il y a vécu l'amertume de l'exil avec la souffrance du déracinement, de dénis et de violences qui le marqueront profondément. C'est en 1950 qu'il édite sa première chanson Anfas Anfas qui parle de la condition d'un immigré en France. A mi mezran, Akka iduss, Ijrah wul, sont, entre autres, les principales 'uvres de ce mythique artiste, pour qui, chanter, c'était exprimer les tourments et les sensibilités de l'âme.
Ses thèmes de prédilection étaient l'exil et l'amour. «Il a bravé les interdits en chantant l'amour ouvertement dans certaines de ses chansons», chose rare en son temps. Cheikh Arab était également un des premiers à parler au nom de la femme. En écoutant ses 'uvres, on découvre qu'il a dédié des chansons aux femmes, chose qu'aucun chanteur kabyle n'osait faire à l'époque. Cheikh Arab est décédé le 2 avril 1988 à Massy (Paris) où il y est enterré. Des chefs-d uvres du maître ne cessent de séduire le public, au point où ces derniers ont connu des reprises, notamment par Matoub Lounès, Idir, Amar Al Achab.
«Si cheikh Bouizegarene n'avait pas existé, beaucoup de chanteurs n'auraient pas émergé aujourd'hui, tant il représente une école pour tous les artistes», dira de lui avec beaucoup d'émotion Ouazib Mohand Ameziane, un autre chanteur kabyle. Plusieurs autres artistes se sont succédé pour apporter des témoignages à propos du cheikh, ainsi que des habitants de son village. Tous ont été d'accord pour dire que cheikh Arab Bouizegarene mérite de sortir des oubliettes, en revalorisant ses 'uvres qui ont de tout temps cassé bien des tabous. Abdenour Abdeslam a également insisté sur l'importance de récupérer les objets du cheikh qui sont à Paris, notamment sa mandole. L'hommage à l'artiste a pris fin par un spectacle en présence de ses amis et de sa famille.
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Posté Le : 01/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Massissilia Chafai
Source : www.elwatan.com