Hommage à Assia Djebar et Annie Steiner

La présence d'Annie Steiner à l'ouverture des travaux du colloque a été un moment de grande émotion, un moment émouvant marqué également par la projection d'un documentaire intitulé Une vie pour l'Algérie, réalisé par Kamel Boualem et consacré au parcours militant de la moudjahida.Le colloque national sur le rôle de la femme algérienne pendant la révolution armée pour l'indépendance et dans le mouvement littéraire, organisé du 8 au 9 mars à l'université Yahia-Farès de Médéa, a permis de convoquer deux destins de femmes et figures emblématiques de ces deux périodes, à savoir Assia Djebar et Annie Steiner, auxquelles il a été rendu hommage. La présence d'Annie Steiner à l'ouverture des travaux du colloque a été un moment de grande émotion ; un moment émouvant marqué également par la projection d'un documentaire intitulé Une vie pour l'Algérie, réalisé par Kamel Boualem et consacré au parcours militant de la moudjahida. Invitée à prendre la parole devant un auditoire composé d'étudiants, d'enseignants et d'officiels, ses propos se sont voulus être des messages aux jeunes générations afin que nul n'oublie le sacrifice des martyrs pour la libération du pays. Utilisant un langage simple et sans fioritures, la moudjahida s'est adressée à ses "enfants" en leur disant que "parler de la femme est un sujet très long et difficile". Elle a en outre évoqué des souvenirs de la guerre en revenant sur la résistance de ses compagnons de lutte, tout en tenant à rendre hommage aux chouhada qui ont donné leur vie en toute humilité, citant l'exemple de la martyre Hassiba Ben Bouali dont la mort a marqué la fin de la bataille d'Alger. Elle parlera également du courage du petit Omar qui a été l'agent de liaison de Ali la Pointe, mort lui aussi en compagnie des autres combattants dans une cache à La Casbah. L'autre femme qui a focalisé l'intérêt des enseignants et étudiants du département des langues et lettres arabes est celui d'Assia Djebar, celle qui a, entre autres activités et une ?uvre littéraire de grande facture, réalisé deux films d'un grand intérêt artistique. Se voulant un hommage à la défunte, un documentaire de plus de 7 minutes a été projeté. C'est un travail de compilation étayé par l'enregistrement de nombreux témoignages d'hommes et de femmes de lettres dont, entre autres, ceux de Azzedine Mihoubi, Nadia Labidi (ministre de la Culture), de Z'hor Ounissi, Mohamed Sari, Inâam Bayoud... Le documentaire a aussi donné la parole à la mère de l'écrivaine qui a déclaré à ses interlocuteurs qu'"en dépit de l'implacable douleur de la perte de ma fille, je suis fière du fait des nombreuses marques de reconnaissance dont elle a fait l'objet partout à travers le monde. Car ma fille a donné une image positive de son pays où elle repose maintenant comme elle l'avait souhaité avant sa mort". Le documentaire rappellera le parcours de l'écrivaine, née en 1936 à Cherchell, auteure de nombreux romans, films, essais et pièces de théâtre et qui a été élue à l'Académie française en 2005 et obtenu des distinctions et plusieurs prix de reconnaissance pour ses travaux. L'académicienne qui s'est éteinte le 6 février dernier à Paris a laissé un important legs. Il appartient à tous ceux qui ont à charge la culture et aux chercheurs et universitaires de le faire connaître.M. E.