Hommage à Amar Ezzahi

Il fait, sans nul doute, partie de cette nébuleuse de jeunes talents précocement promus au prestigieux titre de « Cheikh de Chaâbi ». Dans un récital qu'il a animé, samedi soir, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh el Feth (Oref), Rafik Megherbi a, une nouvelle fois, fait montre d'une maîtrise presque parfaite de son sujet. Il a exécuté une série de Qacidate, dont certaines tirées du vieux corpus de la poésie Melhoun, et ce, au grand bonheur d'un public averti, et surtout enchanté par la prestation du jeune cheikh. Soutenu par un orchestre de premier ordre, où plastronnent de musiciens connus de la scène, Rafik Megherbi, après une succulente Touchia exécutée dans le mode Ghrib, s'engagea dans une litanie de textes panégyriques (Madih), « Talebkoum dif Allah » du grand barde du genre, cheikh Ahmed El Gherabli. Il sera suivi d'un autre texte tout aussi célèbre, « Koul nour men nour el Hachemi kmel », très prisé par le grand maître, feu El Hachemi Guerouabi. Très appliqué sur le verbe et la touche du mandole qu'il manie avec brio, il subjugua l'assistance par ses envolées lyriques d'une étonnante force et douceur à la fois. Passé le mode austère du Madih, l'artiste, qui veille au confort de son public, les plus jeunes notamment, prend un autre plaisir fou. Il puise dans l'intarissable répertoire du grand auteur-compositeur, chantre de la chansonnette d'amour, Mahboub Safar Bati, l'homme par qui est passé Guerouabi, El Ankis, Chaou, Amar Ezzahi. Fan de ce dernier, Rafik a tenu à lui rendre hommage en reprenant la chanson « Dj'halt koul saheb », vieux tube rendu célèbre par l'enfant terrible de l'ex-Rampe Vallée. La suite ' On la connaît : une suite de M'khiless très rythmée provoquant les déhanchés acrobatiques d'un public qui n'en demandait pas tant. En attendant un génial Hocine Driss qui affûtait son mandole, pour pérenniser une ambiance qui en était vraiment une.