Algérie - Revue de Presse

Hommage à Ali, un confrère parti trop tôt…


Ali Younsi a trouvé la mort mercredi soir du côté de Bejaïa, sur la route menant au domicile de ses proches. Il a été inhumé hier dans son village natal. Peu importe les circonstances dans lesquelles il est décédé – on dit dans un accident de la circulation – le drame est qu'il s'en est allé alors qu'il avait à peine 35 ans. Il est parti trop tôt. Il commençait à peine à s'initier à la vie conjugale. Il s'est marié il y a quelques mois. Il semblait heureux et rassuré. Nous l'avions remarqué lors de nos rencontres dans l'émission «Makha essahafa (café de la presse) qui était diffusée tous les mercredis en direct sur les ondes de la chaîne 1. Nous étions habitués à prendre un café – un vrai – ensemble, avec les confrères, après avoir terminé de débattre des questions de l'heure dans cet espace de libre expression. Mais depuis qu'il s'est marié, ce petit bonhomme à la grande âme s'éclipsait rapidement pour aller rejoindre sa jeune épouse. Il prendra du bon côté toutes les remarques qui lui étaient faites par les confères. Il préférera en sourire même.

Ali participait à «Makha essahafa» à chaque fois que son animateur Ahmed Khida lui faisait appel. Il avait peine à faire entendre sa voix face aux confrères qui, eux, l'élevaient et monopolisaient le micro. Parfois, Ali ne terminait même pas son intervention que la parole lui est prise. Il prenait la chose du bon côté. Il ne s'énervait pas. Il souriait. Il était d'une amabilité et d'une discrétion rares. Il parlait doucement, par timidité peut-être. Par correction certainement. Mais rien de tout cela ne pouvait cacher la pertinence de ses approches et de ses idées. Il n'élevait pas le ton pour défendre son temps de passage à l'antenne. Il était la voix conciliante «d'un café» bien bruyant où les thèses contradictoires se heurtaient à l'intransigeance d'un animateur qui brandissait la notion du «service public» avant toute chose. Ce qui n'a pas du tout réussi à Khida puisque son émission a été supprimée sans état d'âme de ceux qui s'érigent en gardien du temple sans qu'il leur soit demandé autant. La décision de l'arrêter a été prise par les responsables de la radio la veille du Conseil des ministres dans lequel le chef de l'Etat a ordonné l'ouverture d'espaces libres dans les médias lourds. Drôle de gouvernance. Dommage…

Nos rencontres avec Ali se faisaient donc rares. Nous l'avions croisé – une dernière fois – dans l'une des marches que la CNCD avait organisée à la place du 1er Mai. Il en faisait la couverture pour le compte d'El Massa, le journal pour lequel il travaillait. On commentait ensemble les démonstrations de force répressive des contingents de policiers déployés pour la circonstance.

Ali Younsi est parti sans avoir vu l'Algérie libérée des mentalités rétrogrades et des esprits incultes. Trop jeune, il n'aura d'ailleurs rien vu de la vie.

A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. Repose en paix. Nos sincères condoléances à ton épouse ainsi qu'à toute ta famille. Puisse Dieu leur accorder courage et patience pour s'habituer à ton absence. Comme à nous tous qui t'avons connu et apprécié.


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