Algérie - Revue de Presse

A Mohamed Lamine Allouane A Lamine cet ami, ce frère, ce repère... Ancien ambassadeur d?Algérie Ancien secrétaire général adjoint de l?OUA Tu fus de ceux qui ont fortement et sincèrement milité en faveur de la cause sacrée pour la libération de l?Algérie. Tout jeune, tu as déserté les bancs du lycée pour t?impliquer, corps et âme, dans le mouvement national pour le recouvrement de la liberté entravée, et la restauration de la souveraineté confisquée. Tu étais présent à Evian, parmi ces militants de l?ombre, au service de la délégation algérienne qui négociait alors l?indépendance de notre pays. De cette époque, de ce parcours de moudjahid, que tu te plaisais souvent à te remémorer et parfois, avec tes amis, à partager, tu disais ta certitude d?avoir beaucoup appris quant aux sentiments de loyauté, de dignité et de fierté, mais aussi, en capacité d?engagement, de résistance et de ténacité. Tu fus aussi de ceux qui, une fois l?indépendance imposée, ont choisi de se mettre au service de la diplomatie algérienne. De ce deuxième parcours, entamé en 1962 à Alger, poursuivi à Genève, Addis-Abeba, Harare et Pretoria, beaucoup de ceux qui t?ont côtoyé et fréquenté retiendront ta formidable faculté à, très vite, faire la différence entre ce qui était essentiel et ce qui n?était que subsidiaire. Tu défendais le premier avec beaucoup de convictions et de talent, et s?il le fallait, tu y mettais de l?acharnement. Tu acceptais de faire des concessions sur ce qui te paraissait peu important, voire te taire sur ce qui te semblait insignifiant. A ceux qui savaient interpréter tes silences et tes retranchements, tu pouvais communiquer le fond de ta pensée sans rien dire, sans rien faire. Tu avais à cet égard, et peut-être pour cette raison, une admiration justifiée pour Si Mohamed Seddik Benyahia, que tu aimais souvent à rappeler la stature, l?intelligence et la cohérence. Comme beaucoup d?autres collègues, j?ai eu l?honneur, la chance et le plaisir de travailler à tes côtés dans les années 1980, du temps où tu étais ambassadeur à Addis-Abeba et de te seconder, au début des années 1990, à la centrale, au moment où tu exerçais les fonctions de directeur général Afrique. D?avoir été un de tes proches collaborateurs à deux reprises et à dix années d?intervalle, m?a permis d?apprendre beaucoup de ta largesse d?esprit et d?apprécier énormément ta modestie et ta générosité. Au cours des conférences africaines, où jeunes diplomates j?apprenais mon métier, j?ai été le témoin attentif et admiratif de ta remarquable facilité aux discours savamment improvisés et de ta formidable capacité à retourner les opinions les plus assises et à remettre en cause les positions tenues pour acquises. Au siège de l?OUA et partout en Afrique, l?Algérie, par ta voix plaidait en faveur de l?indépendance des pays africains encore sous domination coloniale, exigeait la condamnation et le démantèlement du système de l?apartheid, militait pour une Afrique plus unie, plus pacifique et plus prospère, revendiquait un monde où seraient assurés, pour tous, les avantages du progrès, de l?équité et de la solidarité. A Addis-Abeba, j?observais que ta voix était écoutée lorsque après un long silence tu décidais de parler. Je constatais que ta présence était recherchée et de ce fait, tu étais souvent et partout invité. Je relevais que ton amitié était par beaucoup invoquée et proclamée. Nombre de ceux, qui t?ont connu dans la capitale éthiopienne et ceux qui t?ont croisé dans les autres villes africaines, seront très certainement attristés de te savoir décédé parce qu?ils savent que tu as mis autant de détermination et de passion à défendre les revendications africaines que les causes algériennes. Tu as été, d?ailleurs pour cela, à deux reprises, récompensé. Une première fois, lorsque tu as été brillamment élu au poste de secrétaire général de l?OUA et une seconde fois, lorsque retraité des Affaires étrangères tu as été engagé par ton ami Hama Arba Dialo pour que la conférence des Nations unies contre la désertification devienne un instrument viable et fiable pour assurer, notamment aux peuples africains, un environnement harmonieux et un développement fructueux. Militant passionné pour l?indépendance de l?Algérie, défenseur acharné des intérêts de notre pays, diplomate engagé pour une Afrique de paix, de justice, de progrès et de liberté, tu as été de toutes les luttes que notre pays a eu à engager et de tous les combats que notre continent a eu à mener. De ce point de vue, tu n?as jamais failli, convaincu que tu étais, que les seules causes perdues sont celles qui sont mal défendues, ou insuffisamment entendues. Tes amis du MALG t?appelaient Abdel-Illah, tes collègues du ministère te prénommaient Lamine, ou si Lamine, partout en Afrique on t?identifiait sous le nom de Allouane, pour ceux qui te connaissaient un peu moins, tu étais Mohamed Lamine Allouane. Avec toi, chacun savait, de lui même et d?avance, dans quelle catégorie d?amis il était admis, parce que tu étais de ceux qui savent se faire respecter et tu étais respectable ; tu savais être généreux et tu étais seigneur ; tu savais, aussi, être franc et fier, et tu étais, de ce point de vue, d?une sincérité rare et appréciée. Si j?ai parfois lu dans tes yeux et entendu de ta bouche ta satisfaction d?un parcours bien rempli et ta fierté du devoir accompli, je percevais aussi ton humilité à ne point trop les afficher, encore moins à les proclamer. Autant tu savais te battre pour tes idées, autant tu faisais preuve d?honnêteté, de tolérance et de désintérêt. Tu étais, pour les collègues de ta génération, l?ami de toujours et pour ceux de ma génération l?aîné, le frère auquel on a parfois recours. Tu étais en parfaite proximité avec les uns et en complète mitoyenneté avec les autres. Tu étais, avec tous, voué à écouter, disposé à partager et déterminer à bien juger. Dans les moments de détente et de convivialité, tu faisais preuve d?une extrême disponibilité, d?une superbe urbanité, mais surtout d?une subtile habileté à nous raconter les choses de la vie dont on pouvait toujours tirer morale, leçon et profit. Ton agréable compagnie était recherchée et ta présence souvent réclamée. Puisse Dieu Le Tout-Puissant te récompenser pour les services rendus à notre pays, pour l?action menée en faveur de ce continent que tu aimais et pour la gentillesse et la générosité à l?égard de tes amis. Tu laisses derrière toi, une fille, Zineb, que tu chérissais et qui te le rendait. Puisse Dieu Le Tout-Puissant l?aider à comprendre et à accepter. Bien sûr, à ses yeux, personne ne pourra te remplacer, mais sache, Si Lamine, que nous sommes nombreux à te promettre, que dans ces moments de cruelle souffrance et plus tard dans les instants d?incertitude et de doute, nous sommes là pour l?aider et pour l?épauler... Zineb, ta fille ne sera jamais seule face à l?adversité. Repose en paix Lamine. Allah Yarhamak. Ton ami Chérif Delmi
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