«La déception, à la longue, fait du coeur un homme d'affaires.» Malcolm de Chazal«Je te raconte tout cela, non pas pour te montrer ce que doit être le travail du journaliste mais pour te faire toucher du doigt la problématique du logement social. Il ne suffit pas de livrer des cages à poules à des gens qui sont censés être des agents économiques indispensables, mais de s'assurer de la qualité de ce qui va conditionner la qualité de vie du citoyen lambda. Il ne suffit pas de jeter à la face du public des chiffres astronomiques pour épater les néophytes mais s'assurer que ni le Trésor public, ni l'attributaire empressé d'occuper ou de revendre à prix d'or ce bien tombé du ciel n'ont été trompés. Il y a toujours un rapport qualité/prix. Certes, il ne faut pas comparer ces taudis modernes aux palais édifiés pour les serviteurs de la nation mais montrer les faiblesses des projets dans leur conception ou dans leur réalisation. Crois-moi, c'est un homme d'expérience qui te parle. Une nouvelle cité vue de l'extérieur, c'est toujours un spectacle agréable à l'oeil et un baume au coeur pour tout être sensible à la détresse des autres. Voilà un cadre où vont s'épanouir des vies, un environnement qui va bientôt devenir une ruche bourdonnante. Il faut voir le triste spectacle des vieilles cités abandonnées à elles-mêmes et aux déprédations de leurs occupants. Comme le disait le regretté Henri Salvador: «Avant d'épouser une bergère, regarde sa mère.» Avant d'afficher un optimisme béat, il faut se projeter dans l'avenir et jeter un coup d'oeil circonspect à l'intérieur et au besoin s'adjoindre d'un spécialiste en bâtiment pour juger de la qualité de la chose réalisée. J'ai eu dans ma vie, deux fois, cette expérience amère. Et les deux fois d'une manière identique. Je vais faire la somme de mes deux déceptions en une seule expérience. Le néophyte est toujours heureux d'obtenir un nouveau logement. La joie l'aveugle quand il va mettre les pieds la première fois dans ce qui va être son chez-soi. Mais, la deuxième fois, il commencera par voir un petit défaut qui va écorner sa joie: son logement ne ressemble pas du tout à l'appartement type qu'on a montré à une presse ou à des responsables politiques et administratifs. Je ne parle pas de l'ensoleillement ni de l'agencement des meubles opérés par des spécialistes de la communication mais de tout ce qui peut constituer le logement: carrelage, murs, boiserie, plomberie... Le régisseur chargé de te conduire à l'appartement qui t'est désigné, ne manquera pas de dire que les murs n'ont pas été peints parce que la société, dans sa bienveillance légendaire veut laisser à chaque occupant le soin de choisir son type et sa couleur de peinture. Tu penses! C'est une économie supplémentaire faite sur le dos du pauvre gogo qui va devoir ajouter le chapitre peinture aux nombreux autres chapitres qui vont obligatoirement s'ouvrir afin de rendre le logis habitable. D'ailleurs, le pauvre régisseur, quelque peu gêné ne manquera pas de dispenser quelques recommandations au passage: ne pas laisser les robinets ouverts, par exemple. Il ne faut pas s'étonner d'ailleurs que le voisin du dessous monte chez vous pour vous signaler le manque d'étanchéité de votre parquet: vous vous apercevez alors que le travail a été bâclé de ce côté-là comme ailleurs. Au fur et à mesure que l'on découvre son nouveau logis, on collectionne les déconvenues: la mauvaise odeur persistante dans l'appartement est due à la cuvette des toilettes: le travailleur qui l'a installée a cru bon de casser le siphon de la cuvette afin de se venger du salaire misérable qu'il touche ou pour punir le privilégié qui vient de bénéficier d'un toit.»
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Posté Le : 12/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com