Algérie

Home is best



Des milliers d'Algériens regagnent enfin le pays par vagues après un séjour forcément prolongé ailleurs. Jamais un séjour ou une courte virée dans un pays étranger - fût-il un pays de cocagne - ne s'est avéré aussi long et aussi détestable. Pour beaucoup, ce qui n'était qu'une visite familiale, une virée touristique, une mission ou un stage scientifique de courte durée, s'est mué en véritable cauchemar. La France, dont les services consulaires étaient jadis quotidiennement pris d'assaut par des centaines d'Algériens désirant obtenir un visa, a reçu pas moins de 5.000 visiteurs dont beaucoup n'ont eu de cesse de se rassembler devant l'ambassade du pays natal depuis des mois pour demander à être rapatriés. Des parents partis là-bas parce qu'en manque de leurs enfants, se sont retrouvés en manque de ceux qu'ils ont laissés au bled. Des individus partis se soigner en Turquie ou ailleurs sont devenus malades à cause de la tournure des choses. D'aucuns se sont retrouvés dans la rue après que leurs économies soient mises à sec.Même ceux qui étaient reçus par de la famille se sont retrouvés dans une gêne autrement coûteuse. Les hôtes ont eux aussi souffert de se voir obligés de se confiner jusqu'à nouvel ordre avec des invités devenus tout à coup trop encombrants. Les touristes les plus touchés sont sans doute ceux qui ont séjourné dans des hôtels sans aucune attache avec une connaissance ou quelqu'un du pays. Une fois l'argent épuisé, ils se sont retrouvés sous un pont ou dans un jardin. Ceux-là et tous les autres ont découvert les « vertus » du capitalisme. Manquant de nourriture et de médicaments, ces malheureux touristes ont vécu un vrai calvaire quelque peu atténué par une opération de solidarité initié par des Algériens résidant en France qui pouvaient se permettre d'offrir de l'aide. Beaucoup de résidants justement ont eux aussi été réduits à subsister après la perte de leur emploi ou le chômage forcé sans rémunération.
Il n'y a pas que les touristes de passage qui ont souhaité le rapatriement ; des footballeurs évoluant en Arabie saoudite ont eux aussi lancé des appels en vue de retrouver leur pays. Le cri de détresse de Toufik Makhloufi, le champion olympique d'athlétisme, parti s'entraîner en Afrique du Sud, mais bloqué là-bas pendant des mois, a retenti dans les réseaux sociaux et les médias et a ainsi donné plus de tonus aux multiples appels lancés ici et là. Qu'ils soient sportifs de haut niveau ou quidams, la notion de rapatriement a pris le plein sens qu'elle n'a jamais eu avec les Algériens; elle est devenue un terme prisé.
Si le calvaire avait perduré, d'aucuns seraient devenus harraga vers leur propre pays. Gageons que beaucoup vont se prosterner et embrasser la terre natale une fois sur place et n'oublieront pas de sitôt leur mésaventure. Le fameux proverbe «East, west, home is best» n'a jamais été aussi vrai pour ces milliers d'Algériens qui ont eu enfin la possibilité d'apprécier leur pays à sa juste valeur.


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