«Home», le
célèbre film de Yann Arthus Bertrand, film vu et apprécié un peu partout de par
le monde, vient d'être projeté au CCF d'Oran. A signaler que c'est sa deuxième
projection à Oran, après celle d'il y a deux semaines, à l'université (IGMO).
Sa projection est à l'initiative de la nouvelle association oranaise «Les amis
de la cinémathèque».
Par ce film, le
réalisateur, Yann Arthus Bertrand, qu'on connaît, entre autres, pour avoir
réalisé le beau livre «Algérie vu du ciel», a voulu alerter tout un chacun sur
la situation dans laquelle périclite la planète jour après jour, et de les
sensibiliser quant à son devenir. Pour cela, il a eu à procéder de façon
espiègle afin de mieux faire passer le message : il ne s'est contenté que de
filmer les trésors et merveilles dont est dotée la Terre, en informant
toutefois, de façon directe, que toutes ces merveilles peuvent un jour
disparaître si l'homme n'y prend pas garde assez tôt.
Ainsi, afin de
mieux alerter les consciences, il n'a pas manqué de divulguer quelques chiffres
sur ce qu'il en est du monde à cette heure. On y apprend alors que seulement 20
% des hommes consomment 80 % des ressources de la planète ; que les dépenses
militaires sont 12 fois plus élevés que l'aide au développement ; que 5.000
personnes meurent chaque jour à cause de l'eau insalubre ; qu'un milliard
d'hommes n'ont pas accès à l'eau potable et ont faim, que les espèces
s'éteignent à un rythme mille fois supérieur au rythme naturel ; que la
température moyenne a été la plus élevée jamais enregistrée ; et qu'enfin : il
pourrait y avoir 200 millions de réfugiés climatiques d'ici 2050.
«Notre mode de
développement n'a pas honoré ses promesses, en 50 ans, les écarts des richesses
se sont creusés comme jamais...». A ce propos, il n'a pas manqué de lancer
quelques piques aux pays riches et à leur attitude hautaine et arrogante
vis-à-vis du reste du monde : «le compte de nos actions est lourd, d'autres que
nous payent le prix sans avoir été partie prenante. Faut-il toujours construire
des murs pour rompre les chaînes de la solidarité humaine, pour séparer les
hommes, d'au-tres hommes ? Le bonheur des uns du malheur des autres ?».
Toutefois, le
film se termine sur quelques notes positives, parmi lesquels on apprend que
dans le monde d'aujourd'hui, 4 enfants sur 5 vont à l'école. «Jamais
l'instruction n'a été donnée à autant d'êtres humains», note-t-il. Ensuite,
dardant les spectateurs d'exemples donnant de l'espoir, l'orateur nous apprend
qu'un pays aussi démuni que le Lesotho, pays d'Afrique australe, et un des pays
les plus démunis de la planète, est celui qui a investi le plus largement ses
ressources dans l'éducation, qu'au Bangladesh, un homme a eu l'idée de créer
une banque impensable : elle ne prête qu'aux pauvres ; en 30 ans à peine, elle
a changé la vie de 150 millions de personnes dans le monde, qu'au Costa Rica,
le pays n'a plus d'armée, il a préféré mettre ses ressources dans l'éducation,
l'éco-tourisme et la protection de sa forêt primaire. «La solidarité des
peuples est plus forte que l'égoïsme des nations», dit-il encore, il est trop
tard pour être pessimiste».
Ensuite, Yann
Arthus Bertrand révèle que des pays réputés pollueurs tel que les Etats-Unis,
la Chine, l'Inde, l'Espagne et l'Allemagne se mettent à investir dans les
énergies renouvelables, énergies qui ont déjà créé deux millions d'emplois. «La
terre est liée au soleil, dit-il, c'est sa première source d'énergie. Tant que
la terre existe, l'énergie du soleil est inépuisable : il suffit de cesser de
fouiller le sol, et de lever les yeux vers le ciel, il suffit d'apprendre à
cultiver le soleil. Ces expériences témoignent de l'éveil des consciences,
elles tracent les voies d'une nouvelle aventure humaine, fondée sur la mesure,
l'intelligence et le partage. Ce qui est important, ce n'est pas ce qu'on a
perdu, mais c'est ce qu'il nous reste !».
Après la
projection du film, un débat a eu lieu à la salle du CCF, débat au cours duquel
Mohamed Senouci, expert en météorologie, a été convié. Ce dernier, pour appuyer
les propos du film, a pour sa part révélé qu'il y a de cela à peine une
trentaine d'années, on allait vers un refroidissement de la température ; ce
qui était, à ses dires, le cycle normal. «Or, en moins de 30 ans, l'homme a
réussi à bouleverser la donne, et ce pour des millions d'années».
A la question de
savoir jusqu'à quel degré l'Algérie est concernée par cette menace, le
conférencier a répondu que «toute la terre est mise dans le même bain, un
Tchadien et un Américain n'ont peut-être pas la même responsabilité quant à cet
état, mais les deux sont concernés. Même si, vu d'Algérie, cela nous paraît
loin, on est tout de même impliqués».
Pour cela,
Mohamed Senouci a préconisé qu'il y ait, chez le plus grand nombre de gens, ce
qu'on appelle «des réflexes écolos» et de faire en sorte que la postérité fasse
des pressions sur leurs élus, que ce soit au niveau wilayal, régional ou même
national, afin que ces derniers ouvrent leurs yeux, et prennent des mesures
plus à même d'empêcher toute flétrissure du paysage et de la nature algérienne.
Pour expliquer cela, le conférencier n'a pas manqué d'établir une métaphore,
pour le moins significative : celle du passager clandestin dans un bus. «Je
suis le seul à ne pas payer, donc ce n'est pas bien grave, ma débine n'aura pas
de conséquence ; voilà le raisonnement du passager clandestin. «Toutefois,
continua-t-il, si tous les passagers du bus se mettaient à avoir ce
raisonnement, le bus ne roulerait plus, il faut arrêter d'être dans la peau du
passager clandestin, et comprendre une bonne fois pour toute que nous sommes
tous concernés. Le mal est fait, ce qu'il faut maintenant, c'est de s'y adapter
!».
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Posté Le : 01/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com