Hollande ou Aubry ' Le second tour de la primaire PS en France

Les bureaux de vote ont ouvert, hier, pour le second tour de la primaire socialiste en vue de l'élection présidentielle du printemps prochain. Les sympathisants de gauche doivent départager la patronne du parti Martine Aubry et François Hollande, favori des sondages. Les conditions pour pouvoir voter sont les mêmes que lors du premier tour de cette primaire à l'américaine, inédite en France: être inscrit sur les listes électorales, se munir d'une carte d'identité et signer une charte d'adhésion aux "valeurs de la gauche et de la République". Seuls les électeurs n'ayant pas voté le 9 octobre vont devoir payer un euro pour participer à cet ultime tour de scrutin. Les bureaux de vote (9474 en métropole) sont la plupart placés dans des écoles, des mairies, des salles louées pour l'occasion. Quinze millions de bulletins de vote ont été imprimés par le Parti socialiste (7,5 millions par candidat). François Hollande (39,17% au premier tour) apparaît comme le favori de la compétition, après avoir reçu le soutien des quatre candidats éliminés dimanche dernier. Mais Martine Aubry (30,42), qui a durci sa campagne ces derniers jours, espère bien l'emporter sur le fil. A la mi-journée, on a aperçu une participation assez importante, Harlem Désir a dit souhaiter que la participation totale dépasse les quelque 2,7 millions de votants du premier tour. "Il y a en tout cas une volonté des Français de s'emparer de ce second tour comme ils se sont emparés du premier tour et de faire en sorte que ce dimanche soit le dimanche de la démocratie", a-t-il déclaré à la presse au siège du PS. Le second tour de la primaire doit départager François Hollande et Martine Aubry dans la course à l'investiture socialiste pour la candidature à l'élection présidentielle du printemps prochain. "Il faudra de la force par l'ampleur de la victoire de ce soir, par le rassemblement, parce que ce sera la confrontation en 2012", a dit François Hollande aux journalistes après avoir voté en Corrèze. Martine Aubry a lancé un appel après avoir voté à Lille. "J'en appelle à tous les Français pour qu'ils votent avec leur coeur", a-t-elle dit. "Ils vont voter pour les cinq prochaines années de leur vie, et je pense qu'avec moi, elles seront plus belles et plus justes". Le député de Corrèze a reçu vendredi un soutien de poids en la personne de "troisième homme" de la compétition avec 17,2% des voix, Arnaud Montebourg, qui n'a pas donné de consigne de vote tout en faisant savoir qu'il voterait pour lui à titre personnel. Favori des sondages d'opinion, François Hollande avait déjà obtenu l'appui des trois autres candidats du premier tour, Ségolène Royal, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet.
Tensions de fin de compagne
Martine Aubry, qui se présente en tenante d'une "gauche forte", apparaît relativement isolée, bien que l'écart dans les sondages ait paru se réduire ces derniers jours. Le camp Aubry compte sur une forte participation des électeurs situés plus à gauche et des écologistes, censés à ses yeux se mobiliser en sa faveur. Dominique Voynet, maire de Montreuil et ancienne candidate des Verts à la présidentielle, a ainsi appelé samedi à voter pour la première secrétaire du PS - en retrait de son poste le temps de la primaire -, qui prône une sortie totale de l'énergie nucléaire alors que François Hollande propose seulement une réduction. La fin de campagne a été émaillée de tensions et de "petites phrases" entre les deux candidats, au point d'amener la Haute autorité chargée du bon déroulement du scrutin à lancer un appel au calme. "Toute stigmatisation de l'un ou de l'autre revient à blesser une partie de l'électorat des primaires", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Le président Nicolas Sarkozy a critiqué ce scrutin, contraire selon lui à l'esprit de la Ve République. La majorité est cependant partagée entre ceux qui voient dans la primaire un procédé moderne, comme le Premier ministre François Fillon, et ceux qui assurent qu'elle n'a pas attiré somme toute plus de monde qu'à "la braderie de Lille", comme a ironisé le patron de l'UMP Jean-François Copé. L'UMP a prévu des réunions dans la semaine pour, annonce-t-elle, dire ce qu'elle pense du programme PS et reprendre les slogans échangés entre les deux candidats d'opposition fustigeant la "gauche molle" et la "gauche sectaire". Les sondages prédisent pour l'instant une très large victoire du candidat PS contre Nicolas Sarkozy en 2012, quel que soit le vainqueur de la primaire. Le décompte des voix démarrera à 19H00, après la fermeture des bureaux de vote. Ils seront diffusés en temps réel sur le site internet de la primaire. Le résultat final estimé devrait l'être vers 21H30/22H00, sauf s'il était très serré, auquel cas il pourrait être connu tard dans la soirée.