Hollande exploite la tragédie pour booster les sondages

Depuis quelque temps, la position du président français, François Hollande, est très délicate. Très critiqué à gauche pour sa politique ratée en Palestine et pour sa gestion des marches à Paris, le président Hollande, aidé de ses maîtres en communication et spin doctor a, depuis quelques jours, exploité la tragédie des victimes françaises pour jouer la carte de l'émotion et paraître plus proche des Français. Ainsi, il est apparu sur les télévisions pour présenter ses condoléances suite au terrible accident de la route dans l'Aube qui a fait six morts dont cinq enfants à Courteranges et surtout il est apparu deux fois dans des messages aux Français après le crash du vol Ouaga-Alger. Une surmédiatisation qui en dit long sur la volonté du président français de réapparaître au-devant de la scène et de gagner des points dans l'opinion. Surtout après la prestation théâtrale de son Premier ministre, Manuel Valls, devant les députés, confirmant encore plus que celui-ci est en campagne avant l'heure pour la présidentielle française de 2017.Pour ce faire, Hollande a besoin d'action et de visibilité pour rester en course et ne pas s'effacer devant son principal et réel adversaire politique: son Premier ministre.Ainsi, sur les conseils de ses maîtres en Com, Hollande a décidé de décaler un voyage afin de suivre de plus près l'affaire de l'avion d'Air Algérie. Le président français devait se rendre à la Réunion, un département qui a massivement voté pour lui en 2012, mais qui fait face à de nombreuses difficultés économiques. Avec près de 850.000 habitants, la Réunion souffre d'un taux de chômage record (29%), atteignant des sommets chez les jeunes. Autre préoccupation du moment à la Réunion: l'avenir de l'économie sucrière, fortement subventionnée par l'Etat et l'Union européenne, mais qui pourrait bénéficier de soutiens communautaires moins importants à partir de 2017. Lors de sa gestion dans le conflit au Proche-Orient, Hollande avait écouté son Premier ministre pour interdire la manifestation à Paris, ce qui lui a valu de vives critiques en France, mais aussi dans le monde. La cote de popularité de François Hollande reste au plus bas, mais elle est stable. Le pourcentage de personnes satisfaites de «François Hollande comme président de la République» est de 18%, comme en juin, contre 81% qui se disent mécontentes et 1% qui ne se prononce pas. Par ailleurs, la cote de popularité du Premier ministre n'en finit plus de dégringoler. A tel point que le JDD se demande si ce n'est pas «la fin de l'état de grâce» pour le chef du gouvernement. Selon le baromètre Ifop-Journal du mois de juillet, Manuel Valls perd six points. Pour la première fois depuis son arrivée au poste, selon ce baromètre, le Premier ministre passe sous la barre des 50%, de 51% à 45% de Français satisfaits.amirasoltane08@live.fr