Algérie

HK. Auteur-conteur : la langue, j'aime quand on la tord, quand on la tricote Culture : les autres articles



HK. Auteur-conteur : la langue, j'aime quand on la tord, quand on la tricote                                    Culture : les autres articles
Kaddour Haddadi, 36 ans, s'oppose à toutes les barrières. Celles entre les hommes 'Français d'origine algérienne, il se définit avant tout comme citoyen du monde ' et celles dans les têtes. Parolier, interprète, et maintenant auteur-poète, le leader du groupe HK et les Saltimbanks signe une autobiographie romancée, J'écris donc j'existe, aux éditions Riveneuve.
-Pour vous, écrire a l'air tellement facile'
Pourtant, j'ai appris à écrire loin des bancs d'école, en tant qu'auteur-compositeur-interprète pour le groupe de rap Ministère des affaires populaires. Là, j'ai découvert le pouvoir des mots. Et puis j'ai eu envie de raconter des histoires et j'ai découvert une autre forme d'écriture.
-En d'autres termes, vous dites que l'école n'a pas joué son rôle '
Disons qu'il y avait un fossé entre la langue de l'école et celle du quartier. Un mélange de français, d'arabe, de verlan, de portugais' un peu tout et n'importe quoi. La «société» de l'école et celle de mon quartier, autour d'enfants d'immigrés, que je retrouvais le soir, c'était deux mondes parallèles ! J'ai appris à aimer les classiques plus tard, il m'a fallu tout un parcours' L'envie des mots est quelque chose qui ne se décrète pas et l'école n'arrive pas toujours à la susciter. Aujourd'hui, quand des enseignants me contactent pour me demander s'ils peuvent étudier des textes de nos chansons ou des petites nouvelles que je publie sur notre site, je suis très fier.
-Est-ce que dans les mots que vous utilisez, il y a aussi votre rapport à l'Algérie '
Mon rapport à l'Algérie a évolué. J'ai d'abord été nourri par l'histoire de mes parents. Par transfert, j'étais algérien. Au cours de mes séjours, le mythe de l'Algérie que j'avais idéalisée s'est effondré, mais je l'ai humanisée. A 18 ans, j'ai ressenti le besoin de m'affirmer comme Français. J'étais dans ma période : «Je suis français et je vous emmerde.» Aujourd'hui, je me revendique citoyen du monde. Je ne suis plus dans le patriotisme, je me positionne par rapport à des valeurs, dans une forme d'universalisme. En France, où on nous renvoie toujours à nos origines, cette clé me plaît bien.
-La derja, ça vous parle '
L'idée qu'une jeunesse trouve ses codes en dehors d'un cadre officiel, j'adore ça' Les mots qui partent de France vers le bled avec les jeunes qui partent en vacances, les mots d'algérien qui traversent la Méditerranée' Oui, ce sont eux qui font vivre le français. Après, je comprends que ces mots de «français cassé», trésors de créativité, offensent les puristes des deux côtés, les gardiens du temple. Moi, en tant qu'auteur-conteur, j'adore les blasphèmes linguistiques ! La langue, j'aime quand on la tord, quand on la tricote.
-L'Algérie, grand pays francophone qui ne fait pas partie de la francophonie, qu'est-ce que ça vous inspire '
Je fais partie de ceux qui veulent écrire une nouvelle page de l'histoire. Rejeter ce qui est lié au français était nécessaire à un moment donné pour faire table rase du passé. Mais aujourd'hui, l'Algérie est un pays adulte qui existe par lui-même. Même si je suis conscient qu'il y a encore du travail ' des deux côtés ' pour que la France et l'Algérie entrent dans un nouveau cycle, un nouvel état d'esprit.


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