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Histoires vraiesLe docteur Jekyll (4e partie et fin)



Histoires vraiesLe docteur Jekyll (4e partie et fin)
Résumé de la 3e partie - Nul ne se doute que depuis sa sortie de prison, le Dr Bruno L. s'est transformé en terrible docteur Jekyll...Cette fois, il y a une réponse. L'homme met la main à sa poche et en sort deux comprimés.
«Oui, mais avant, on va prendre ça. "Ecstasy", cela te dit quelque chose '» Bien sûr, Gretel a entendu parler de cette drogue qui permet, paraît-il, des promesses amoureuses. Elle a entendu dire aussi que c'était un peu dangereux, mais un client pareil mérite bien quelques risques. Bruno L. introduit le comprimé dans sa bouche, le bloque derrière ses dents et avale une gorgée de champagne.
«À toi, maintenant !»
Gretel se prépare à faire de même et soudain elle voit quelque chose d'extraordinaire : son client s'est mis à loucher. Mais pas à loucher normalement, si l'on peut dire. Ses deux pupilles viennent de se rapprocher d'un seul coup, comme actionnées par un ressort, et il continue à la fixer ainsi.
«Qu'est-ce qui vous arrive '
' T'occupe ! Avale !»
Il n'y a pas à discuter : Gretel s'exécute. Le médecin se lève aussitôt.
«Je reviens.
Elle le voit se diriger vers le bar... Après avoir recraché son comprimé de strychnine, Bruno L. met la main à son portefeuille et tend une liasse au patron. Celui-ci a un air désolé.
«Elle ne vous plaisait pas, la fille '
' Non.
' Attendez ! Ne partez pas. J'en ai d'autres.»
Mais l'homme a déjà disparu... C'est alors que retentit un grand cri dans la boîte de nuit. Gretel est en train de se tordre de douleur par terre. On va lui porter secours. Elle parvient à articuler :
«C'était un médecin... Il louchait...»
Pendant ce temps, Bruno L. est déjà loin. Il a sauté dans sa luxueuse Mercedes et démarré en trombe. Il ne quitte pas Hambourg, cependant. Il se rend dans un autre quartier chaud de la ville. Là, il se met à rouler au pas. Deux silhouettes féminines ne tardent pas à apparaître dans ses phares. Il s'arrête.
«Montez !»
Les deux filles constatent une chose incroyable : l'homme louche violemment. Comment peut-il faire pour conduire en louchant ainsi ' Sans doute sont-elles un peu mal à l'aise, mais elles montent quand même.
Quelques heures plus tard, la police du quartier du port de Hambourg a une affaire criminelle peu banale en guise de cadeau de nouvel An : trois prostituées ont été tuées par un inconnu, une dans un bar, deux sur un quai désert, vraisemblablement amenées là après avoir été ramassées en voiture dans la rue.
Des meurtres de prostituées, c'est une chose courante. Ce qui ne l'est pas, c'est la manière. Elles n'ont été ni étranglées ni tuées à coups de couteau ou de revolver, elles ont été empoisonnées. D'après les premiers témoignages, leur meurtrier semblerait un homme d'un certain âge appartenant au meilleur monde. Cela non plus, ce n'est pas courant. Dans leur enquête, les policiers disposent pourtant d'un élément de taille. Si les deux filles prises en voiture étaient mortes quand on les a découvertes, la malheureuse Gretel a désigné son meurtrier comme un médecin qui louchait, ce qui, par rapport à l'ensemble de l'humanité, réduit tout de même le champ des investigations. Cela dit, il reste à trouver un médecin qui louche à Hambourg, voire en Allemagne, voire à l'étranger... Mais la police allemande est parfaitement organisée et ses ordinateurs ne tardent pas à ressortir une affaire vieille d'une vingtaine d'années, dans laquelle un médecin avait été condamné pour meurtre par empoisonnement. À son procès, il avait beaucoup été question d'une infirmité qui avait, paraît-il, joué un rôle décisif dans sa vie : il louchait... La suite n'est plus qu'une formalité. Bruno L. a été arrêté le 11 janvier 1993 dans sa luxueuse villa bavaroise. Quand les policiers lui ont passé les menottes, il s'est laissé faire sans résister ni chercher à nier. D'ailleurs, cela n'aurait servi à rien : ses yeux avaient avoué à sa place. Ils venaient de se rapprocher violemment, comme mus par un ressort. Depuis son enfance, Bruno L. n'a jamais pu s'empêcher de loucher sous le coup d'une émotion.


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