Algérie

Histoires vraies Vie priv'e (5e partie et fin)



Histoires vraies Vie priv'e (5e partie et fin)
Résumé de la 4e partie - Jean considère qu'il est le seul à avoir aimé sa mère et préservé une haute idée de celle qui est enterrée dans le cimetière près de la maison...Cette femme, qui témoignera devant le tribunal, affirmera que Jean, ce dimanche matin-là, était calme et parfaitement normal, qu'il a répondu à son bonjour très gentiment. Mais le garçon, blême, s'écriera : «Ce n'est pas vrai ! Je suis parti en claquant la porte !»
Cette rencontre, la certitude que, malgré ses «interdictions», son père a décidé de remplacer sa mère, qu'il est acculé, qu'il ne pourra plus rien pour maintenir vivant, intouchable, éternel, le souvenir de celle qu'il aime, déclenche le passage à l'acte.
Nous aurions là l'explication de l'énigme, qui a transformé un jeune homme intelligent en assassin fou furieux de sa propre famille. Du moins peut-on comprendre qu'il s'en soit pris à son père et à sa grand-mère. Une façon, comme disent les «psys», d'éradiquer la branche responsable. Mais pourquoi la s'ur, pourquoi son frère ' Il dit qu'il ne voulait pas - mais il a tenté, et il s'en est fallu de peu qu'il réussisse. Sur ce point précis, les psychiatres sont muets. Pas d'explication. La partie civile en a une, elle est simple : «Il voulait tout simplement éliminer les témoins.» Ne jamais perdre de vue, en effet, que Jean a des capacités intellectuelles largement au-dessus de la moyenne.
Pourtant, il dit à l'audience qu'il aime sa s'ur, qu'il ne lui voulait pas de mal, qu'il espère la retrouver plus tard, lorsqu'il aura compris, et lorsqu'elle aura compris.
Compris quoi ' Anne refuse de comprendre. Refuse de pardonner. Elle est partie civile contre son frère, il n'existe plus en tant que frère, il existe uniquement en tant qu'assassin.
Après trois journées d'audience, l'avocat général, dans son réquisitoire, admet lui-même que Jean était prisonnier de la mort de sa mère, que sa vie affective s'est arrêtée là, que le père est coupable de ne pas lui avoir parlé, coupable d'obstination à remplacer ce qui était pour Jean irremplaçable. Cinq années de silence sans aucun soutien psychologique. Puis le déclenchement mortel.
Pour un double parricide et deux tentatives d'assassinat avec préméditation, Jean, qui était majeur, pourrait être condamné à perpétuité. L'avocat général ne demande que quinze ans de réclusion. Il s'adresse aux jurés ainsi : «Vous ne pouvez pas juger une affaire comme celle-là sans comprendre.» La défense ajoute : «On ne condamne pas une énigme.»
Comprendre... énigme... Le coupable lui-même répète inlassablement qu'il ne comprend pas, qu'il voudrait comprendre... qu'il cherche à comprendre, qu'il veut que sa s'ur comprenne...
Les jurés ont-ils compris ' Après trois heures de délibéré, ils suivent l'avocat général. Quinze ans de réclusion pour Jean, assortis des circonstances atténuantes.
C'est donc qu'ils ont compris. Mais les survivants '
Anne, qui n'oubliera jamais le couteau et le sang ; Paul, qui regarde peureusement ce grand frère au visage fermé en entendant le verdict : eux ne peuvent pas comprendre.
Eux sont marqués à vie. C'est la condamnation des survivants.


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