Algérie

Histoires vraies Vie priv'e (3e partie)



Histoires vraies Vie priv'e (3e partie)
Résumé de la 2e partie - Seul le jeune frère a échappé à la folie meurtrière de son aîné...Jean ne relève donc pas de l'article 64 du Code pénal, il n'était pas en état de démence au moment des faits, ce qui fait protester son avocat : «De nos jours, il faut être en camisole de force pour bénéficier de l'article 64 !»
Rechercher donc une explication à l'énigme dans l'histoire familiale de ce garçon au-dessus de tout soupçon, jusqu'à cette nuit de lune où quelque chose a craqué, c'est à cela que s'emploiera cette première journée d'assises.
Il semble bien que tout remonte au suicide de sa mère. Jeune encore, mais dépressive, cette femme se serait sentie abandonnée par un mari trop occupé par son travail et, semble-t-il, par d'autres femmes. La dépression s'installe, d'autant plus forte que l'abandon semble réel. Il est vrai qu'il ne rentre pas souvent, il est vrai que la maison est toujours inachevée, en travaux, que rien n'est stable autour d'elle. Il est vrai que sa belle-mère est unanimement considérée comme une femme acariâtre, autoritaire, et qu'elle supporte mal la cohabitation avec sa belle-fille. Il est vrai aussi que Jean, l'aîné de ses enfants, est très attaché à elle. Lors de la première tentative de suicide, c'est lui qui la sauve et, lorsqu'il raconte cet épisode d'avril 1985, on sent la peur ineffaçable : «J'étais seul avec elle dans la maison, elle a dit qu'elle allait faire des courses, il faisait beau, et elle a enfilé un gros anorak... C'était bizarre. Je savais qu'elle voulait mourir, je la surveillais. J'ai attendu qu'elle sorte, en guettant la porte par la fenêtre de ma chambre, mais elle n'apparaissait pas. Puis j'ai entendu des bruits bizarres, je suis descendu en courant dans le salon, j'étais pétrifié de terreur, j'ai allumé la télévision, la chaîne hi-fi, la machine à laver, je faisais du bruit, du bruit... Après, je suis descendu au garage... j'ai arraché le sac en plastique...»
Souvenir traumatisant pour ce gamin. Après cette tentative, il a perpétuellement peur que sa mère ne recommence. De plus, c'est lui qui l'a sauvée de la mort, il se sent responsable d'elle, mais il veut aussi que son père la surveille, que sa grand-mère la surveille. Car s'il n'était pas là pour l'empêcher de disparaître, si les autres n'étaient pas capables de la protéger '
À partir de cette époque, Jean ne vit que dans cette hantise, et le jour où le même scénario se reproduit et où cette fois il est absent, le jour où sa mère réussit son suicide, lui, le grand, l'aîné, ne doit pas dire la vérité aux deux petits. Officiellement, pour Anne et Paul, maman est morte de maladie. On tait le suicide, plus personne n'en parle dans cette maison.
Sauf une fois, où le père se laisse aller à une confidence terrible : «Je suis responsable à quatre-vingt-dix pour cent de la mort de ta mère...»
L'homme qui n'était jamais là, et qui est cause de la mort de sa mère, fait défiler les petites amies sans aucun scrupule. Pour le garçon, ce comportement est insupportable. Il lui interdit de remplacer «maman».
Il refuse que son père veuille refaire sa vie.
Quant à la grand-mère, autoritaire et possessive, elle qui était toujours prête à prendre sa belle-fille en défaut, Jean la déteste. Elle appartient comme son père à la branche de la famille qui «a tué sa mère», du moins qui l'a poussée au suicide. Tout ce qui est paternel est coupable.
Faire le deuil de sa mère est impossible pour Jean. Pourtant il n'en laisse rien paraître. (A suivre...)


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