Algérie

Histoires vraies Trois poignées de suie (3e partie)



Résumé de la 2e partie - Dans l'une des calèches, l'un des passagers que l'on croyait évanoui, est mort...
Déjà le commissaire, penché sur le corps du jeune homme, essaie de découvrir à la lueur des lampes à acétylène de la première calèche ce qui a bien pu lui arriver.
«Mais il est mort de quoi, bon sang '»
Le docteur a l'air affreusement gêné. Les autres autour de lui paraissent consternés : pas un mot, pas un murmure.
«Mais enfin, de quoi est-il mort ' Et qu'est-ce que c'est que ce noir qu'il a sur la figure '
' Je pense qu'il a dû s'étouffer, répond enfin le docteur Blocklaud. Ces messieurs lui ont fait du bouche à bouche en m'attendant, sans succès.Lorsque je suis arrivé, il n'y avait plus rien à faire.»
Dans l'herbe à côté du cadavre : un chiffon noir que le commissaire soulève et soupèse, découvrant qu'il est plein de suie :
«Il s'est étouffé avec cela '
' Oui.»
Le commissaire regarde les hommes autour de lui.
«Vous étiez là '»
' Non.., non, répondent quelques-uns.
' Alors, qui était là '»
Lentement, trois silhouettes se détachent du groupe : la grande carcasse du baron Van Brauer, vingt-sept ans, un freluquet blond, le baron Matthias Van Zyiwec, vingt-trois ans, et le glacial Otto Van Rasenbourg, vingt-quatre ans... Après quelques instants d'hésitation, le cocher de la calèche vient les rejoindre.
Le commissaire n'en croit pas ses yeux :
«Alors, vous étiez là tous les quatre !»
La scène est hallucinante : devant, derrière, le long de la route, les voitures qui passaient s'arrêtent. Des gens en descendent surpris de voir ces trois calèches arrêtées, s'approchent et forment déjà une petite foule.
«C'est vous qui lui avez mis cette cagoule sur la tête '
' Moi, non ! s'exclame le cocher. C'est eux.
' Mais alors, murmure le commissaire, c'est un assassinat '»
Sous le portrait de la reine Juliana de Hollande, le président du tribunal d'Utrecht sait qu'il va devoir juger l'une des affaires les plus étranges de sa carrière. La perruque blanche quasiment hautaine, mais le regard curieux derrière ses binocles d'acier, il regarde entrer les sept accusés, tous étudiants entre vingt-deux et trente et un ans. A croire qu'ils se sont donné le mot : complet granit ou anthracite, cravate sobre, la raie bien nette dans les cheveux, les mains croisées derrière le dos, les visages blasés, le ton de voix uniforme. Ils donnent leurs noms calmement, réprimant leur fierté : baron Machin, comte Trucmuche, baron Chose, baron Truc. Il n'y a parmi eux que deux bourgeois ; encore se prélassent-ils dans la gloire de leur père dont l'un est un très grand chirurgien et l'autre un avocat célèbre.
Après des efforts pénibles pour desserrer leurs lèvres pincées, le président s'énerve :
«Bien, puisque vous ne voulez pas parler et que le silence est l'atout majeur de votre organisation, je vais moi-même éclairer le jury. Votre association qui, bien qu'ancestrale, n'a aucun statut juridique, s'appelle : T.R.E.S. C'est l'abréviation d'une formule latine : «tres faciunt collegium», ce qui veut dire «trois font une société». C'est donc chaque année trois membres seulement que vous acceptez dans votre club. (A suivre...)


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