Algérie

Histoires vraies Pour être libre (5e partie et fin)



Histoires vraies Pour être libre (5e partie et fin)
Résumé de la 4e partie - Mathilde avoue à la police qu'elle a tué sa mère, après avoir fait un rêve...
Mon père et ma mère se disputaient, elle criait, elle surtout, comme d'habitude. Elle le traitait de minable ou je ne sais quoi.
J'avais oublié tout ça, mais le rêve m'a tout remis en mémoire, comme si j'y étais. Les cris, mon père qui s'énerve, ma mère qui le gifle et la voiture qui dérape. C'était comme au ralenti, le fossé, la voiture qui tourne, tourne, et le choc. Comme une énorme éclaboussure. Un bruit terrible ! A l'époque, je me suis réveillée à l'hôpital, je ne me souvenais de rien, mais cette nuit-là tout est revenu d'un seul coup. Elle l'a tué. C'est sa faute, elle le savait et elle n'a rien dit, rien. Tout ce que j'ai entendu pendant vingt ans, c'est : «Ton père conduisait «comme une brute ! Il allait trop vite.» Elle lui en voulait d'être infirme ! Vous comprenez ' Le comble, c'est qu'elle lui en voulait ! Mais quand j'ai revu tout ça dans ma tête, j'ai compris pourquoi je la détestais depuis si longtemps. Je ne pouvais plus supporter, ça. La baigner, la dorloter, la masser, la nourrir, elle me dégoûtait, comme un serpent ou quelque chose comme ça. Elle n'avait plus d'excuses. Je voulais qu'elle disparaisse, ne plus la voir, ne plus l'entendre, ne plus avaler ses mensonges. Je l'ai tuée, et je le dis parce que, finalement, je ne veux pas vivre comme elle, dans le mensonge. J'ai cru que je pourrais me taire, ne rien dire, que l'on croirait à l'accident, à l'erreur.
' C'était le cas, ça a failli marcher, le toubib vous faisait confiance.
' Je sais, mais c'est mieux comme ça.
' Tout de même, pour votre père c'était un accident ! D'accord, elle l'a cherché ! Mais elle ne voulait pas le tuer, ni vous.
' C'est sa faute, et elle a renié cette faute jusqu'au bout. Moi je préfère être un assassin devant tout le monde.
' En fait, vous étiez à bout de nerfs,
non '
' Peut-être, mais ça n'a pas d'importance. J'ai décidé de la tuer parce qu'elle était, mauvaise, menteuse, exigeante, égoïste... et qu'elle ne méritait pas de vivre, même comme ça. Vous savez pourquoi elle se disputait avec mon père, ce jour-là ' Pourquoi elle l'a giflé ' Pourquoi elle le bourrait de coups, au point de faire dévier le volant ' Parce qu'il n'avait pas choisi l'hôtel qu'elle voulait. Et s'il ne l'avait pas choisi, c'est qu'il était trop cher, et si l'hôtel était trop cher pour lui, c'est qu'il n'était qu'un minable, un bon à rien, un petit avocaillon de quatre sous, tout juste capable de s'occuper de dossiers aussi minables que lui. J'entendais sa voix dans mon rêve, criarde, mauvaise. Je l'entends encore.»
Mathilde H. a été condamnée à quinze ans de prison. A quarante-deux ans. Elle n'a pas bénéficié des circonstances atténuantes. Pour le jury, cette histoire de rêve, de cauchemar plutôt, n'était qu'une invention. Ils ont jugé que Mathilde voulait se débarrasser de sa mère pour être libre. Un point c'est tout.


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