Algérie

Histoires vraies Ligoté comme un saucisson (5e partie et fin)



Résumé de la 4e partie - Le policier informe Hermine Rusika que M. et Mme Kindelenger ont été agressés. Son épouse est morte...
Ils sont allés se coucher vers vingt-trois heures. A huit heures, le lendemain matin, le frère s'est inquiété de ne pas les voir et s'est permis d'aller jusqu'à leur chambre où il les a trouvés ficelés dans leur lit. Hélas ! le bâillon de Marguerite, trop serré, l'avait étouffée : il a été impossible de la réanimer.
Une échelle posée contre le mur, une vitre découpée au diamant pour ouvrir la fenêtre de l'extérieur, un petit coffre-fort ouvert au chalumeau, et surtout la façon dont était ficelé Mathias Kindelenger le disculpent complètement...»
Il y a un nouveau silence. Le policier technocrate «dépêché de Brême» serre les
dents :
«Je comprends ce que vous ressentez, dit-il enfin, et croyez-moi, cette affaire nous rend enragés. D'un côté, il n'est pas possible d'admettre que toutes ses femmes soient mortes sans que Mathias Kindelenger y soit pour rien : cela choque le sens commun. Mais une fois de plus, nous n'avons pas de preuves. Or, on ne peut pas accuser un homme à cause de son passé. Imaginez même qu'il ait commis les autres crimes et qu'il soit innocent de celui-là ' On ne pourrait pas l'en accuser.»
C'est alors que Hermine Rusika, jusque-là abasourdie, se décide :
«Monsieur le commissaire, je voudrais quand même dire deux choses. D'abord, je crois savoir de quoi voulait discuter Marguerite Kindelenger... elle me l'avait dit.
' Ah ! bon ' Et cela a un rapport avec sa mort '
' Oui... Je m'étais prise d'affection pour elle. Je voyais bien que son mari n'en voulait qu'à son argent, qu'il la trompait, qu'elle le savait et en souffrait. Il y a trois jours, je lui ai montré ce journal... Elle est restée stupéfaite... Puis elle m'a dit : «Merci, ma petite, je vais faire venir mon «frère, il va m'aider à prendre une décision».
Les deux policiers échangent un regard :
«Ça c'est intéressant.., vous nous fournissez le mobile, dit le jeune technocrate.
' Seulement, cela ne nous explique pas comment un homme ficelé comme un saucisson peut étouffer sa femme, remarque le vieux moustachu.
' Mon mari est prestidigitateur. Si vous le voulez, il va effectuer devant vous le numéro qu'il a réalisé toute l'année dernière au music-hall.»
Et l'homme de l'art s'allonge sur le sol du bureau pour entourer ses jambes avec sa cordelette. Au bout de cinq minutes, après une série de n'uds et de contorsions qu'il est évidemment impossible de décrire, le voilà ficelé comme un saucisson.
Après quelques secondes de stupeur, le policier technocrate «dépêché de Brême» lui demande :
«Vous dites que Kindelenger connaissait votre numéro '
' Oui. Il avait tellement insisté que j'avais fini par lui dévoiler le truc.»
Bien sûr, ce détail ne constitue pas une preuve, mais ajouté au passé de Barbe-Bleue, il suffira à l'envoyer en prison pour le restant de ses jours, à l'âge de cinquante-sept ans. Sa carrière ayant commencé à vingt-cinq ans, si l'on retranche les douze années de prison pour le meurtre de sa première femme, l'assassin a tout de même vécu vingt ans parmi nous, impuni, bien portant et bien nourri de ses crimes.


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