Algérie

Histoires vraies Ligoté comme un saucisson (3e partie)



Résumé de la 2e partie - Sorti de prison, Mathias épouse Frédérique Rodler à qui son père a fait don de sa fortune. Cette dernière meurt après 11 ans de vie commune...
Pourtant on saura un jour que le vieil homme avait demandé une enquête secrète sur le passé de son gendre.
Hermine Rusika est maintenant couturière. A vingt-huit ans, et si jolie, les soupirants ne manquent pas. Elle choisit, Dieu seul sait pourquoi, un saltimbanque. Elle est tombée amoureuse d'un garçon, au demeurant charmant, manipulateur et prestidigitateur qui se produit à travers l'Allemagne.
Souvent absent de ce fait, il laisse à Hermine beaucoup de temps libre qu'elle occupe de mille façons, notamment en observant ceux qui l'entourent et plus particulièrement la maison d'en face : la fabrique d'objets émaillée.
En 1963, Mathias Kindelenger fait publier l'annonce suivante : «Fonctionnaire d'Etat à la retraite, bonne santé, caractère enjoué, cherche compagne pour ses vieux jours.» Parmi les réponses, il choisit celle de Marguerite Verhune : veuve, directrice et propriétaire de la fabrique d'objets émaillés. Cette fois encore, Mathias, mettant une sourdine à ses prétentions, privilégie la fortune : Marguerite est grande, forte, un visage carré, une mâchoire large et lourde, un regard autoritaire qui en imposerait à un général. Mais l'usine marche bien et lui rapporte de l'argent, beaucoup d'argent.
Après deux ans de fiançailles durant lesquels Mathias file doux comme un mouton, c'est le mariage. Il a passé la soixantaine, le Barbe-Bleue. Va-t-il mettre un trait final à sa vie mouvementée et se contenter de croquer la fortune accumulée '
Non, car il rencontre Hermine Rusika pour laquelle il éprouve un véritable coup de foudre. Il sait bien que son amour ne saurait être partagé et que, pour obtenir ce qu'il souhaite, il lui faut user de ruse. Alors, s'il parvenait à la voir plus souvent, qui sait '... Après des conversations de plus en plus intimes, des dîners copieusement arrosés, une petite fête au champagne... Il parvient à faire admettre à Mme la directrice qu'Hermine, en voisine agréable, doit devenir tout naturellement une habituée de la maison.
Mais vu l'âge de Mathias, son physique, et vu l'âge, le physique et les vertus d'Hermine Rusika, il s'agit d'un travail de très longue haleine. Tellement long que deux ans plus tard il ne s'est encore rien passé. Mais la jeune femme est-elle dupe ' Non, bien sûr. Alors, pourquoi accepte-t-elle cette fréquentation douteuse '...
Elle est fascinée par Mathias Kindelenger et l'observe avec une énorme curiosité, car, seule à Bassum, elle a découvert son secret, et d'une façon à la fois simple et extraordinaire. Lors d'un de ses anniversaires, son prestidigitateur de mari lui a offert un cadeau empaqueté dans un journal. Pas n'importe lequel : coutume charmante, il s'est amusé à rechercher un journal ayant paru le jour de la naissance d'Hermine, soit le 6 juin 1937.
Or, de quoi parle-t-on dans un journal alle-mand paru le 6 juin 1937 : des événements politiques d'abord, des Sudètes et de la Tchécoslovaquie, une prochaine rencontre entre Hitler et Mussolini, etc. Mais aussi d'un fait divers sans grande importance : la mort de Victoria Kindelenger. Et, sur la cinquième page, s'étale le visage rond, lunaire et jovial du mari que l'on soupçonne d'en être l'auteur. Bien sûr, il a des cheveux en plus et des rides en moins, mais, malgré la mauvaise qualité de la reproduction et la vieillesse du papier, Mathias est parfaitement reconnaissable. Hermine observe donc le Barbe-Bleue avec une certaine fascination. (A suivre...)


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